Le village allemand de Ströebeck, en Saxe,
est considéré depuis le haut moyen âge comme
celui des joueurs d'échecs. Selon le Duc de Brunswick, au
XVII ème siècle, tous ses habitants y jouaient ...
sans pour autant donner le jour au moindre joueur remarquable !..
En 1831, le Champion William Lewis, de passage à Ströebeck,
joua contre le Champion Local. On dit que la victoire de l'anglais
fut si aisée, et la stupéfaction du village telle,
que tous les habitants prirent le deuil. Une telle passion ne pouvait
que déteindre sur la vie quotidienne des villageois ... et
jusqu'à leurs monnaies. Dès après la première
guerre mondiale, Ströebeck réalisa une émission
de monnaie. Elle donnait une intéressante vision du conflit
de 14/18. Sur l'un des billets, on trouvait le portrait de Bismarck
judicieusement qualifié de "Der Weltschachmeister".
Sur un autre, c'est le Président Wilson qui réalisait
un mat en deux coups avec la mention "Das Narrenmatt".
Un autre encore présentait le Fou Français (Clémenceau)
matant l'Empereur Germanique.Il s'agissait d'une émission
de monnaie n'ayant, bien entendu, qu'une valeur locale limitée
géographiquement au village. Elle a sans doute été
créée en 1921 pour pallier la carence de la garantie
de l'état (pendant six mois environ). C'est une personnalité
locale, M. Malimann, qui en garantissait la valeur.
Une autre série de trois billets présentait
une scène connue du village : le Comte Guncellin, prisonnier
de l'évêque Arnulf de Halberstadt. Il était
représenté apprenant à ses gardiens les règles
du jeu d'échecs en 1011 dans la Tour de Ströpcke.
Source : Thèméchecs, Bulletin n° 41, Dictionnaire
de Échecs, F. Le Lionnais et E. Maget (PUF, Paris 67)
in Bulletin de l'Amateur, n° 11, 1998
avec l'aimable autorisation des anciens Directeurs de la Publication
Bernard Guérin et Dany
Sénéchaud
W. Plaisant, le prisonnier Guncelin
jouant contre des fermiers de Ströbeck.
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