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Mieux jouer aux échecs
François-André DANICAN PHILIDOR raconté par Jean-François DUPONT-DANICAN
Annoté par Dany Sénéchaud
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La Société d'Études Philidoriennes (S.E.P. 63, Bd. Raspail 75006 Paris) a été fondée par plusieurs des descendants de PHILIDOR (Dreux, 1726 - Londres, 1795) musicien et joueur d'échecs renommé. Elle se préoccupe surtout de faire découvrir au grand public les oeuvres musicales (environ un millier !) de la "dynastie" qui ne comprend pas moins de six compositeurs !
En outre, elle diffuse La Chronique Philidorienne, bulletin spontané épisodique et gratuit à l'usage des descendants de la famille DANICAN PHILIDOR. Un fascicule d'une dizaine de pages, édité en une petite centaine d'exemplaires, qui rend compte de manifestations échiquéennes, parutions et concerts voués à la mémoire de la grande figure familiale (on y trouve, également, portraits et autres documents).

Signature Philidor

A l'occasion de l'édition, par H. W. FINK, de l'ouvrage collectif Pour PHILIDOR (Koblenz 1994. 239 pages. Épuisé) célébrant le deuxième Centenaire de la disparition de l'ancêtre génial, monsieur J. F. DUPONT DANICAN (1) fournit un texte rédigé sous la forme alerte d'un long entretien. Celui-ci m'adressant, en fin d'été 1996, une lettre courtoise, me fait parvenir ce texte (27 pages) d'où j'extrais maintenant :

      Question : PHILIDOR est toujours présenté comme le créateur de l'Opéra Comique, que peut-on dire à ce sujet ?

      Réponse : RAMEAU aurait conseillé à PHILIDOR de se retourner vers les scènes mineures qui prirent le nom d'Opéra Comique, dérision d'opéras et pas toujours comique. L'intrusion de PHILIDOR dans ce petit monde, qui attirait une grande partie du public, en fit une importante composante du théâtre lyrique ; apportant une musique de qualité, pour la première fois, ce qui permet de dire avec raison qu'il fut le créateur, bien que des musiciens comme DUNI et MONSIGNY puissent aussi bien se réclamer du titre. PHILIDOR était à l'étranger au moment de la Guerre des Bouffons, pour ou contre la prééminence du style italien au théâtre. Bien formé dans la tradition française de LULLY et RAMEAU par son maître CAMPRA, PHILIDOR comprit tout ce que les italiens apportaient avec eux : le meilleur et le pire. Il garda le meilleur et alla écouter en Allemagne et en Angleterre ce que les Allemands avaient à dire : il fut conquis par HAENDEL. Tout cela était dans sa tête et ne tardera pas à apparaître sur les partitions de musique : Il tempéra son inspiration italienne par ce qu'il avait appris du génial saxon. Néanmoins des compositeurs, comme JOMELLI, l'influencèrent au point que DIDEROT le dit "inventeur de la musique italienne en France" et, plus tard, GRETRY l'appelle "le plus allemand des musiciens français." (...)

      Question : On comprend l'importance que PHILIDOR eut dans l'évolution de la musique du XVIII ème siècle en France, mais tant de choses se passèrent en ce domaine, avec la prééminence de compositeurs allemands et autrichiens, que malgré la révérence de ROSSINI et de CHERUBINI à son égard, le dédain de BERLIOZ prévalut ; et PHILIDOR reste en bonne place sur la liste des glorieux oubliés, excepté pour les élèves de compositions et les amateurs de chefs-d'oeuvre d'autrefois. Par bonheur, les joueurs d'échecs du monde entier le considèrent comme le grand Pionnier, le Précurseur, l'homme qui fit des Échecs une science (2) . Grâce à eux, il est le seul joueur donné pour tel dans tous les dictionnaires ; sans doute comme compositeur, mais certainement comme le meilleur joueur d'échecs de son temps et le plus célèbre de l'Histoire de ce jeu. Qu'y a-t-il de vrai dans cette affirmation ?

      Réponse : Il est vrai que les élèves en composition se trouvent en face de partitions de musique philidorienne, données comme exemples d'oeuvres sans faute. Il est vrai que nous ayons eu à Paris des reprises du TOM JONES qui ont rempli l'Opéra Comique. LE SORCIER et LES FEMMES VENGÉES ont été donné en province. Quant au fameux CARMEN SAECULARE, le grand Théâtre des Champs-Élysées ne put faire salle comble de parisiens enthousiastes, malgré la baguette d'un grand chef d'orchestre. La gloire de PHILIDOR dans le domaine des Échecs est due à son idée révolutionnaire : "Les pions sont l'âme des Échecs." Sa précocité (3) n'est pas unique ; sa renommé pour jouer trois parties simultanément à l'aveugle, bien que passant pour du jamais vu, à été dépassée depuis par plusieurs autres prodiges. Et cependant son nom est prononcé avec révérence. On doit se rappeler que ses deux successeurs sur la scène française des Échecs (4) n'ont jamais atteint sa capacité et la France en a perdu le Sceptre. La faveur était au jeu romantique et PHILIDOR était une gloire du passé. C'est STEINITZ (5) qui, dans les années 1860, rappela le leçon de PHILIDOR : le jeu moderne revint au principe émis par le grand homme du XVIII ème siècle ; les Russes, qui tiennent encore la couronne, ne pouvaient que se perfectionner sur cette élan. Une chose est certaine : PHILIDOR n'a pas vécu pour connaître son maître, décédé à 69 ans invaincu.

      Question : On a fait remarquer qu'il n'avait jamais été en face de bons joueurs orientaux ou italiens. Alors ?

      Réponse : Toutefois il a rencontré STAMMA (6) le syrien, qui abdiqua sa suprématie en une série de parties jouées à Londres; et l'on connaît le nom de VERDONI (7) , l'un de ses adversaires à Paris. Jouer contre moins fort que soi ne peut améliorer votre jeu et la seule manière d'équilibrer les chances est le handicap, ou l'avantage consentis, tout au moins après avoir dominé son bon maître LEGAL (8) en 1755. Vivre de ce jeu supposait une réunion régulière, telle que le Club de Londres put organiser à partir de sa fondation en 1774, avec l'évidente possibilité d'inviter notre joueur d'échecs chaque année pour la Saison (de Janvier à Mai inclus). Le public était tenu informé par les journaux pour venir assister aux parties sans voir. Bien qu'in ait conservé 78 parties (1780 à 95), il faut admettre que celles à l'aveugle ne peuvent être les meilleures. (...)

      Question : On a bien dit qu'il fut un homme de 89. Compte-tenu de la société dans laquelle il vivait quelle était sa position vraiment ?

      Réponse : Il faut savoir que, au cours des années précédant la Révolution française, les idées sociales s'étaient répandues au plus haut niveau, en France comme en Angleterre. Le jeu d'échecs était en faveur dans le monde intellectuel comme dans la noblesse : le café de la Régence et le Club St. James (*) voyaient se rencontrer personnages titrés, ministres d'état, dignitaires ecclésiastiques, hommes de science, écrivains et philosophes, pour ne citer que les personnalités connues évoluant parmi des militaires et des bourgeois aisés. La mode était aux idées philosophiques, pour ou contre, mais devant l'échiquier, seule prévalait l'abstraction stratégique avec toute admiration pour les plus forts joueurs. Invité aux dîners des ambassades étrangères dans la capitale anglaise, PHILIDOR apprenait beaucoup des propos de personnages intéressants pris dans les sphères de la haute politique. Parlant parfaitement l'anglais, il aimait passer l'après-midi à la Chambre des Communes pour écouter les orateurs. En tant que français, il ne pouvait qu'admirer la claire éloquence de Charles FOX, et lorsqu'il se réfère aux hommes de bon sens, on comprend qu'il sont du parti WHIG. Il se demande si ce pays acceptera longtemps la tendance du Roi GEORGE III à l'absolutisme. Une triste histoire qui se terminera avec l'instabilité mentale du monarque. Son ODE POUR LA CONVALESCENCE DU ROI n'est pour lui qu'une occasion de faire admirer sa musique aux Londoniens qui ne croyaient pas à sa convalescence.
(...) Grande fut son irritation de se voir refuser un passeport, après Thermidor, comme s'il avait été la Terreur. Patriote, dans le meilleur sens du terme, il ressentit ce rejet de son pays comme le pire outrage. Ce fut, avec sa mauvaise santé, la cause de sa mort, sans que nous sachions s'il reçut la nouvelle que ce passeport, si désiré, avait finalement été obtenu des autorités françaises.

Philidor2

      Question : Éloigné de sa famille, il eut du mal à supporter l'exil, surtout avec la difficulté d'envoyer des fonds à son épouse à Paris. Dans ces conditions, quel goût avait-il pour vivre en Angleterre ?

      Réponse : On doit dire que le groupe d'amis qui l'avait invité à venir passer cinq mois de l'année pour jouer aux Échecs, durant les 23 dernières années de sa vie, s'étaient pris d'affection pour lui. Dans sa biographie (1863), G. ALLEN dit : "Les Anglais aimaient PHILIDOR. Comme il leur faut du temps, leur sympathie et la constance dans leur respect et leur protection apportent une preuve de sa rare amabilité et du fond de bonté de son caractère." Avec une belle facilité de logement, notre joueur d'échecs se retrouvait dans une atmosphère de grande convivialité, en un quartier agréable, près du club et de la résidence de Hans MORITZ, Comte de BRÜHL, dont la maison lui était ouverte. Bien que l'on parlât beaucoup français autour de lui, sa pratique de l'anglais fit de lui une figure habituelle du Londres géorgien. Paris était encore le labyrinthe des petites rues (dont le plan a été complètement redressé au siècle suivant pour nous offrir les perspectives actuelles) et Londres, aux yeux de PHILIDOR, était la superbe cité dont il fit les honneurs à sa femme et sa fille en 1791. (...)

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      Question : Avez-vous une idée de sa vie quotidienne et de ses habitudes ?

      Réponse : De Londres, ses lettres (9) à son épouse nous donnent des aperçus de sa vie de célibataire : S'il ne réfléchissait pas sur un problème d'Échecs le matin, il sortait en ville, d'un pas alerte de jeune homme dit-il, à moins que la goutte ne le retienne, ce qui était fréquent. Écouter les membres du Parlement, surtout en période de crise, le ramenait aux Communes, mais nous savons qu'il lui arrivait d'assister au Lever du Roi, honneur qu'il n'aurait pas eu si facilement en France. La soirée au Club supposait le jeûne avant de jouer à l'aveugle pour se garder les idées claires. S'il n'était pas invité à dîner, il buvait une pinte de bière avant d'aller au lit. Quant à la vie à Paris, l'auteur américain G. ALLEN, nous donne des détails le montrant au travail sur une partition musicale le matin, et se rendant à la Régence dans l'après-midi et à l'Opéra pour le reste de la soirée. Mais ce qui frappe ce savant professeur c'est l'agitation de ses membres lorsqu'il méditait un coup, de même que la futilité de ses propos qu'aucun joueur moderne ne tolérerait en face de lui, en essayant lui-même de se concentrer sur l'échiquier.

      Question : Que savons-nous des parties à l'aveugle qu'il jouait en public ?

      Réponse : Miss BURNEY, qui a écrit ses Mémoires quand elle s'est mariée au Général d'ARBLAY, se souvient du plaisir de son père accueillant PHILIDOR en Angleterre, et je crois qu'elle le voyait encore assis sur un fauteuil, le dos tourné aux adversaires. Elle raconte qu'il parlait de sa privation volontaire de nourriture avant ce spectacle. Par ailleurs, il existe une représentation des parties qu'il joua, en Février 1794 (**), en présence de l'Ambassadeur de Turquie, au Club de Londres : On le voit les yeux bandés, face au public qui peut s'assurer qu'un linge l'empêche de voir. Ces exploits étaient renouvelés un samedi sur deux et une lettre parle d'une certaine motion parmi les membres pour qu'il y ait un dîner ensuite. Les pièces d'échecs conservées dans la famille, avec leur vieille boite, montrent de curieuses entailles sur certaines pièces et des points de cire rouge sur d'autres. Le modèle en est simple et de belle taille : Pions, Roi et Dame ne diffèrent qu'en hauteur. Est-ce pour les rendre plus reconnaissables dans la main après leur capture, dans les parties à l'aveugle ? la cire et les entailles sur quelques pièces pourraient avoir le même effet; nous l'ignorons. Enfin, en dépit des assertions qu'après des efforts aussi effrayants, le pauvre homme restait abattu et hagard, une lettre à sa femme reconnaît que l'exploit n'avait rien d'aussi exténuant que les gens pensaient et il devait certainement sourire en lisant la lettre de DIDEROT (10) lui faisant part d'une grande inquiétude pour sa santé mentale. (...)

        Question : Les anglais ne voyaient -ils en lui que le joueur d'échecs ?

        Réponse : Il est vrai qu'il fut invité en Angleterre pour jouer aux Échecs, d'abord en 1747, puis en 1749 et en 1752 (11) . Au cours de l'année suivante, à Londres, il mit en musique l'ODE POUR LA Ste CECILE de CONGREVE donnée au Théâtre de Haymarket le dernier jour de Janvier 1754. Il s'était, en effet, rendu compte combien sa brillante réputation aux Échecs nuisait à celle du musicien. HAENDEL lui-même trouva "les choeurs bien fabriqués, mais qu'il manquait encore le goût dans les airs." C'est ainsi que PHILIDOR rapporta la chose à LABORDE, son premier biographe, mais la raison qui le poussa à composer cette oeuvre avait été de prouver son talent après qu'une "calomnie se soit répandue en ville qu'il n'était pas l'auteur d'un motet" entendu peu après son arrivée. Ainsi l'apprenons-nous d'un journal d'époque. Plus tard, il y eut une confusion avec la fameuse ODE de DRYDEN, erreur due à PHILIDOR lui-même, qui avait choisit le sujet, mais avait oublié le nom du poète CONGREVE. Invité à nouveau en 1771, il produisit son CARMEN SAECULARE sur une scène londonienne, ce fut après maintes discussions avec BARETTI et la coterie du Dr. JOHNSON ! Le succès en fut tel qu'il fut enfin donné au public du CONCERT SPIRITUEL l'année suivante à Paris. Quand il revint sur une grande scène à Londres en 1788, ce fut avec le même succès; et l'année suivante, quelques jours avant la prise de la Bastille, fut donné l'ODE ANGLAISE, royalement commanditée, vraisemblablement. (...)

        Question : On a dit que ses dernières jours furent tristes et qu'il mourut dans une mansarde. Qu'y a-t-il de vrai ?

        Réponse : Il était si peiné de se trouver empêché de revenir chez lui, loin de sa femme et de ses enfants, que ses nuits étaient hantées par de sombres perspectives. La diminution du nombre des membres du Club réduisait son casuel (12) et son logement n'avait rien de luxueux, malgré sa proximité de l'appartement précédant, à quelques pas du Club. Ce qu'il en dit dans ses lettres montre qu'il avait une personne qui répondait à son coup de sonnette pour le servir et garder les pièces propres.
Quand il est vraiment tombé malade, dans l'été 1795, la plupart de ses amis de Londres étaient, comme d'habitude, à la campagne. Son compagnon de tous les jours, le Comte de BRÜHL, résidait dans le sud et, bien que son nom ait été avancé pour le désigner comme l'être dévoué qui l'a entouré en ses derniers moments, on peut fournir un autre nom, celui de John CRAWFURD un écossais (de lointaine origine normande ?) fortuné et fidèle soutient de PHILIDOR parmi les illustres membres du Club d'échecs."   (13)

Philidor par Augustin Pajou. Terre cuite émaillée. Coll. privée.

 

1) Capitaine de navire en retraite, il est Secrétaire Général de la Soc. d'Et. Phi.
      La mère de son père était l'arrière petite-fille du plus illustre des PHILIDOR.

2) Dans la préface de la deuxième édition (1777) de son Analize des Échecs, PHILIDOR rend lui-même hommage à LEIBNITZ pour ce qu'il est le premier à reconnaître une scientificité à ce jeu. L'idée novatrice de PHILIDOR, parmi les joueurs donc, consiste à revendiquer la théorie échiquéenne comme rationalisable, en remontant aux principes de base : "Un joueur qui ne sait pas (même en jouant bien un pion) la raison pour laquelle il le joue, est à comparer à un Général qui a beaucoup de pratique et peu de théorie". Écoutons le Dr. Max EUWE : "PHILIDOR posa la première pierre de l'édifice du jeu moderne de position. Il tira le jeu d'échecs hors de l'étroite observation euclidienne pour le faire entrer dans le monde sans limite de la pensée cartésienne (...) Un siècle devait s'écouler avant de revoir l'ère des Pions du grand Français rétablie par STEINITZ et révélée dans toute sa valeur."

3) A dix ans, il avait observé ce jeu depuis longtemps, chaque matin, dans la pièce attenante à la Chapelleroyale de Versailles, en attendant l'arrivée du Roi. A 14 ans, il pouvait se mesurer avec les meilleurs joueurs dans les cafés de Paris où cela se faisait. A 22 ans, il rédigeait (en partie au Pays-Bas et en Allemagne) l'Analyze des Échecs, contenant une Nouvelle Méthode pour apprendre en peu de temps à se perfectionner dans ce Noble Jeu (publication l'année suivante, 1749, à Londres).

4) L'auteur doit penser à DESCHAPELLES(1780 - 1847), MAHE De La BOURDONNAIS (1797 - 1840), voire SAINT-AMANT (1800 - 1872).

5)Wilheim STEINITZ (1836 - 1900). Avec PHILIDOR, le jeu se constitue en tant que système rationnel : C'est l'avènement des principes fondamentaux. En quelque sorte, marquant l'importance des Pions, il relève, par voie de conséquence, celle des buts intermédiaires. STEINITZ développe encore cette conception jusqu'à l'attentisme (tirer la Nulle ou le Gain, sans jamais rompre soi-même l'équilibre positionnel) : du fait de l'irréversibilité de la marche des Pions, il s'agit toujours d'avancer à pas comptés !

6)Philippe STAMMA séjourna à Paris en 1737 et se fixa à Londres dès 1742. En 1747, il perdit le match l'opposant à PHILIDOR qui lui rendait, selon BACHMANN, l'avantage d'un Pion et du Trait; selon NEISTAD, l'avantage des Nulles et du Trait. STAMMA publia plusieurs traités et proposa un système de notations des coups de la partie qui allait devenir l'actuelle Notation Algébrique.

7)VERDONI, fort joueur italien, "disciple" de PHILIDOR au café de la Régence.

8)De KERMUR, sire De LEGAL (1710 - 1792), fort joueur qui pratiquait au café de la Régence. Connu de tous, encore aujourd'hui, du fait d'une combinaison de Mat : LEGAL - ST. BRIE Paris 1750 : 1.e4 e5 2.Fc4 d6 3.Cf3 Fg4 4.Cc3 g6 5.Cxe5!! Fxd1 6.Fxf7+ Re7 7.Cd5, Mat !
Si l'on en croit DIDEROT, seulement KERMUY De LEGAL, le Profond, et PHILIDOR, le Subtil, valaient le déplacement ! Cf. Le Neveu de RAMEAU.

*Le café PROCOPE, à paris, accueillait également les joueurs. A Londres, ils se réunissaient au café Old Slaughter (St. Martin's Lane); au café SALOPIAN (Charing Cross); chez PARSLOE (St. James Street) où fut institué le Club qui pensionnait PHILIDOR (1774).

9)Marcelle BENOIT a organisé l'édition récente des Correspondances : PHILIDOR, Musicien et Joueur d'Échecs. Ed. Picard, 1995.

**Il s'agit d'une Gravure publiée en avril 1794 par WHEBLE (Warwick Square. Londres). PHILIDOR à sa femme : "J'ai joué, samedi dernier deux parties sans voir à notre club et l'ambassadeur turc, qui est résident ici, m'a honoré de sa présence et m'a fait dire par son interprète qu'il reviendroit une autre fois. Il a été très satisfait, ainsi que tous les spectateurs. Cela m'a (rapporté) 6 guinées et quelques shillings. C'est venu dans un moment où ma bourse étoit vide, car je ne dois rien, payant (chaque semaine) mon loyer régulièrement. Lettre du 25 Février 1794.

10)in Oeuvres Complètes, Paris 1877. Tome 20 Lettre LXXIV. pp 79-80. Voir, également : Encyclopédie ou Dictionnaire Raisonné des Sciences, des Arts et des Métiers, 35 volumes (1751 - 77). Article "Échecs".

11) "Les Échecs, un objet d'amusement sérieux dans lequel je me suis acquis quelque réputation." Dédicace, édition de 1790 de son Analyze des Échecs.

12) "Mon principal talent et mes ouvrages qui m'ont coûté des veilles ne me servent à rien; enfin je n'aurois jamais imaginé que sur mes vieux jours, le jeu d'échecs seroit ma seul ressource." Ibid.

13) PHILIDOR mourut, à Londres, le dernier jour d'Août 1795. Il fut inhumé en l'église St. James Piccadilly (paroisse St. Pancras). Une stèle demeure, érigée sur le site actuel du jardin public St. James (Cardington Street, Camden). L'article nécrologique annonça : " (...) lundi dernier, M. PHILIDOR, le fameux joueur d'échecs, a avancé son dernier pion vers l'autre monde."

 

in Bulletin de l'Amateur, n° 6, 1997
avec l'aimable autorisation des anciens Directeurs de la Publication
Bernard Guérin et Dany Sénéchaud

En savoir plus :
- Les dossiers de Res Musica : Philidor en 4 articles par Dany Sénéchaud http://www.resmusica.com/aff_dossier.php3?dos=16

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