La tactique, c'est ce que vous faites
quand il y a quelque chose à faire; la stratégie, c'est ce que vous
faites quand il n'y a rien à faire. Savielli Tartacower.
J'ai toujours senti une vague pitié pour l'homme qui ne connaît
rien aux échecs, tout comme j'en aurais pour un homme ignorant de
l'amour. Les Echecs, comme la musique ou comme l'amour, ont le pouvoir
de rendre heureux. Siegbert Tarrasch.
On entre au jeu d'Echecs comme on entre en Religion. Pour le joueur
d'Echecs, la partie d'Echecs c'est l'office, la messe, le défilé
du 1er Mai, le dépôt de gerbe au Monument aux Morts. C'est un drame
sacré. Michel Roos.
Nous sommes les pions de la mystérieuse partie d'Echecs jouée par
Dieu. Il nous déplace, nous arrête, nous pousse encore, puis nous
lance un à un dans la boîte du Néant. Epitaphe sur la tombe de David
Janowsky (1868-1927).
J'ai vu le vaincu d'Echecs jouer des années durant dans l'espoir
de la fête de la victoire. Car tu es plus riche de ce qu'elle existe
si même elle n'est point pour toi. Ainsi de la perle du fond des
mers. Antoine de Saint-Exupéry.
L'action d'une oeuvre littéraire se déroule sur un champ de bataille.
Les masques et les types du drame moderne correspondent aux pièces
du jeu d'échecs. L'intrigue correspond aux coups et aux gambits,
c'est à dire aux techniques du jeu telles qu'utilisées et interprétées
par les joueurs. Les tactiques et les péripéties [mouvements] correspondent
aux coups exécutés par l'adversaire. Viktor Shklovsky.
Roi des jeux et jeu des rois, les échecs portent en eux un sentiment
d'infini. Ils donnent à celui qui s'est efforcé d'en approfondir
les arcanes l'impression de n'être pas à la mesure de l'homme; en
fait, ils constituent un résumé de l'univers, un microcosme, et
figurent cette grande échelle qui, dans les plans de la lumière
descend jusqu'à la matière, qui des abîmes insondables remonte jusqu'en
l'infini de Dieu. Pyrame.
Une platitude souvent récitée à propos des Echecs est qu'une des
choses les plus difficiles à réaliser est de gagner une position
gagnante. Cela ne manque pas de sens mais, pour ma part, j'ai toujours
trouvé plus difficile de gagner une position perdante. Tim Krabbe.
Les réformistes prétendent que les progrès de la théorie conduiront
à la disparition des échecs, et qu'il faut, pour leur rendre vie,
en remanier les règles. En réalité, qu'exprime cette affirmation?
Le mépris de l'intuition, de l'imagination et de tous les autres
éléments qui font des échecs un art. Alexander Alekhine.
Assurément je connaissais par expérience le mystérieux attrait
de ce "jeu royal", le seul entre tous les jeux inventés par les
hommes qui échappe souverainement à la tyrannie du hasard, le seul
où l'on ne doive sa victoire qu'à son intelligence ou plutôt à une
certaine forme d'intelligence. Mais n'est-ce pas déjà le limiter
injurieusement que d'appeler les échecs un jeu ? N'est-ce pas une
science, un art ou quelque chose qui, comme le cercueil de Mahomet
entre ciel et terre, est suspendu entre l'un et l'autre, et qui
réunit un nombre incroyable de contraires ? [...] C'est une pensée
qui ne mène à rien, une mathématique qui n'établit rien, un art
qui ne laisse pas d'œuvre, une architecture sans matière; et il
l'a prouvé néanmoins qu'il était plus durable, à sa manière, que
les livres ou que tout autre monument, ce jeu unique qui appartient
à tous les peuples et à tous les temps, et dont personne ne sait
quel dieu en fit don à la terre pour tuer l'ennui, pour aiguiser
l'esprit et stimuler l'âme. Où commence-t-il, où finit-il ? Stefan
Zweig.
Le pion, dans sa simplicité, marche droit devant lui, mais lorsqu'il
prend, il le fait obliquement? Ainsi l'homme, tant qu'il reste pauvre,
marche dans la droiture et vit honnêtement, mais lorsqu'il recherche
les honneurs, il flatte, se parjure et, par les voies obliques,
cherche une position supérieure sur l'échiquier du monde. Jean de
Galles.
D'un jeu qui des combats est l'image savante
Pour composer les instruments
Palamède en dut tailler les ossements
Durant une guerre sanglante.
Si tu sus autrefois
Présenter le tableau d'une lutte innocente
Sur un champ de bataille en bois.
Palamède.
Les échecs sont un jeu par leur forme, un art par leur essence
et une science par sa difficulté d'acquisition. Ils peuvent vous
procurer autant de plaisir qu'un bon livre ou une belle musique,
mais vous n'aurez une réelle joie que si vous arrivez à bien jouer.
Tigran Petrosian (1929-1984)
À la honte des hommes, on sait que les lois du jeu sont les seules
qui soient partout justes, claires, inviolables et exécutées. Pourquoi
l'Indien qui a donné les règles du jeu d'échecs est-il obéi de bon
gré dans toute la terre, et que les décrétales des papes, par exemple,
sont aujourd'hui un objet d'horreur et de mépris ? C'est que l'inventeur
des échecs combina tout avec justesse pour la satisfaction des joueurs,
et que les papes, dans leurs décrétales, n'eurent en vue que leur
seul avantage. L'Indien voulut exercer également l'esprit des hommes
et leur donner du plaisir; les papes ont voulu abrutir l'esprit
des hommes. Voltaire (Dictionnaire philosophique / Garnier 1967).
Je crois qu'il existe des manières très spécifiques de jouer efficacement
contre une machine. Evidemment, nous n'avons aucune chance en technique
pure, parce que l'ordinateur calcule de manière parfaite. Mais lorsque
nous faisons appel à notre cerveau, en utilisant l'intuition et
la compréhension, alors nous restons beaucoup plus forts. Anatoli
Karpov.
On a dit que l'homme se distingue de l'animal par le fait qu'il
achète plus de livres qu'il ne peut en lire. Je voudrais suggérer
qu'inclure à la liste des livres quelques livres d'échecs rendrait
la distinction manifeste. Edward Lasker.
Le joueur d'Echecs qui veut atteindre le top est obligé de développer
son propre credo créatif. Alexeï Stepanovicth Souétine. Il est facile
d'écrire des livres ! Ce qui est difficile, c'est de jouer ! Alexeï
Stepanovicth Souétine.
Vous n'êtes pas toujours obligé de jouer le meilleur coup. Un coup
doit être actif, entreprenant, correct et beau ! David Bronstein.
Les pièces de l'échiquier étaient impitoyables. Elles le retenaient,
elles l'absorbaient. Il y avait de l'horreur en cela, mais aussi
une harmonie unique. Car, qu'y a-t-il dans le monde, à part les
échecs ? V. Nabokov.
Dieu déplace le joueur, et celui-ci la pièce. Quel Dieu derrière
Dieu commence donc la trame ? Arturo Perez-Reverte (prix de littérature
policière 1993).
Le profane ne songe pas à la somme de jouissance dont il se prive,
qui méconnaît ce jeu aux ressources aussi variées que passionnantes.
Jean-Marie Jeanton-Lamarche .
Les Echecs représentent une sphère d'idées créatrices basée sur
la volonté des deux protagonistes. Smyslov.
Ce qui caractérise les parties de combat, c'est que si le défenseur
a constamment de difficiles problèmes à résoudre, l'attaquant doit
chercher sans relâche de nouvelles possibilités d'attaque. Koblentz.
Les Echecs, c'est l'art de la guerre sans les charniers, c'est
la résurrection des morts tombés au champ d'honneur, l'espoir perpétuel,
la suprématie de l'intelligence sur la force, la culture de l'esprit.
F. Szpiner.
Les Echecs ne sont pas pour les âmes timides. Ils requièrent un
homme entier, qui ne s'arrête pas aveuglément à ce qui a été déjà
établi, mais qui tente individuellement de sonder les profondeurs
du jeu. W. Steinitz.
Je ne suis pas le dernier à jouer lâchement des coups douteux pendant
le zeïtnot de l'adversaire pour l'achever: en effet les coups qui
font le plus peur sont ceux que l'on ne comprend pas. Je me fais
souvent peur quand je joue. Un professeur anonyme.
Plusieurs personnes se sont demandées comment Tal faisait pour
gagner... En fait, c'est très simple ! Il met ses pièces au centre
de l'échiquier et les sacrifie quelque part ! David Bronstein.
Mais n'est-ce pas déjà le limiter injurieusement que d'appeler
les échecs un jeu? N'est-ce pas aussi une science, un art, ou quelque
chose qui, comme le cercueil de Mahomet entre ciel et terre, est
suspendu entre l'un et l'autre, et qui réunit un nombre incroyable
de contraires ? Stefan Zweig.
La conception d'un plan est le processus par lequel un joueur exploite
les avantages de sa position tout en s'efforçant d'en réduire au
minimum les inconvénients. Afin de garantir le succès, un plan doit
toujours se fonder sur un diagnostic objectif des particularités
d'une position. La conception d'un plan est d'autant plus difficile
que la position est équilibrée, et grandement facilitée lorsqu'il
n'existe qu'un seul plan susceptible de répondre aux exigences de
la position. Harry Golombek.
Le thème de l'attaque double intervient d'une manière ou d'une
autre dans l'immense majorité des combinaisons. Youri Averbakh.
Ne tendez aucun piège pour le plaisir ! Ne jouez rien dans l'espoir
que l'adversaire réagisse de façon stupide ! Prenez toujours pour
acquis que l'adversaire va trouver le meilleur coup ! Ne jouez jamais
de coup dans l'espoir que l'adversaire ne voie pas la menace ! Chacun
de vos coups doit améliorer la position d'une façon ou d'une autre.
Lorsque vous vous retrouvez devant une position atroce, ne tendez
pas un ultime piège dérisoire avec l'intention d'abandonner si l'adversaire
le déjoue ! Faites-vous plutôt un devoir de résister comme si votre
vie en dépendait. Jouez le coup qui vous déplairait au centuple
si vous étiez dans la peau de votre tortionnaire !
Les Cavaliers se révèlent fort utiles dans les positions fermées.
D'habitude, les Fous sont un peu plus forts que les Cavaliers dans
les positions ouvertes. Qu'on le veuille ou non, il restera toujours
des exceptions !
Toutes choses étant égales, c'est la conviction qui gagne. Alliée
à une volonté de vaincre, elle sert de détonateur, suscite des idées,
disperse les doutes et aide à penser clairement. Robert Fischer.
Vous savez, camarade Pachman, je n'éprouve pas de plaisir à être
ministre, je jouerais plutôt aux échecs comme vous, ou alors ferais
une révolution au Venezuela. Che Guevara à Ludek Pachman, 'Checkmate
in Prague', 1975.
Comme les marins qui ont mille raisons différentes d'aller en mer,
les joueurs d'échecs en ont tout autant avant de s'installer devant
une table et jouer... Vincent Bertignac, philosophe.
Les échecs sont un jeu terrible. Si vous n'avez pas le centre,
votre adversaire a une position plus libre. Par contre, si vous
avez le centre, alors vous avez vraiment quelque chose pour laquelle
vous inquiéter ! Siegbert Tarrasch.
Echiquier : carré parfait, comme la Jérusalem nouvelle décrite
par l'auteur de l'Apocalypse, huit cases sur huit, exaltation du
chiffre 4, symbole du cosmos aux quatre horizons... où le noir et
le blanc, l'ombre et la lumière, le mal et le bien s'entremêlent
et se conjuguent. Robert Couffignal, Le Gambit du poète.
Vous m'avez demandé de vous exposer quel est le fondement de la
prière. Je ne fais que préparer les pièces du jeu sur la table...
Nous sera-t-il permis d'en adopter les règles et si nous les appliquons
scrupuleusement nous ne tarderons pas à faire mat le Roi divin !
Il ne pourra échapper à nos mains. Sainte Thérèse d'Avila, Chemin
de perfection.
Il s'avisa de me proposer d'apprendre les échecs qu'il jouait un
peu... me voilà forcené des échecs. J'achète un échiquier, je m'enferme
dans ma chambre, j'y passe des jours et des nuits à vouloir apprendre
par cœur toutes les parties. Jean-Jacques Rousseau, Confessions.
Des idées, des idées, j'en ai cent, j'en ai mille. Des bonnes,
des mauvaises, applicables, irréalisables... Il suffit de faire
le tri ! Roos.
L'ordinateur a tué l'originalité. Il n'y a plus guère d'aventures
sur l'échiquier. Jacob Murray.
Un footballeur joue avec ses pieds, parfois avec sa tête. Un joueur
d'échecs ne joue qu'avec sa tête. Et quand il ne joue plus, il meurt.
Jacob Murray.
Il (Jacob Murray) ne joue pas pour le bon coup, mais pour le meilleur.
Eloi Relange.
Il n'y a plus de joueurs du niveau de Jacob Murray dont la seule
quête est le beau jeu, le plaisir de voir les pièces construire
quelque chose. Sur 10 idées à la minute, 9 seront sans intérêt,
la dernière s'avèrera géniale. Christian Bauer.
Si le désir cupide (et stupide) de gagner est une inépuisable source
de souffrance, une combinaison brillante sur l'échiquier est une
découverte : le coquelicot qui s'épanouit lorsque apparaît la Voie
Lactée. Arrabal.
C'est une question de caractère, Beaucoup de gens perdent leur
motivation très vite. D'autres, ils sont rares, peuvent la conserver
très longtemps. J'aime les échecs, encore aujourd'hui je suis heureux
d'analyser des parties. J'aime toujours gagner, je déteste encore
perdre. Bien jouer est important pour mon intégrité intellectuelle
et morale. Et puis les échecs vivent en ce moment une période historique
grâce à Internet. Ils se développent dans les systèmes éducatifs
à travers le monde. Ils sortent de leur ghetto, et c'est mon rôle
de mener à bien cette révolution. Gary Kasparov.
Il n'y a pas eu de défaite parce que je ne crois pas que cet ordinateur
ait jamais existé. IBM a triché en refusant d'imprimer les modes
de recherche de la machine. C'est évident, pendant le match, des
coups décisifs ont été joués par des êtres humains. Aujourd'hui,
les meilleurs spécialistes en informatique ne peuvent toujours pas
expliquer comment Deep-Blue a pu jouer contre la logique des ordinateurs.
IBM a gagné une guerre de communication, mais ils sont incapables
de prouver que l'ordinateur a gagné tout seul. Garry Kasparov.
Les écrivains ont utilisé les échecs pour analyser les côtés extrêmes
de la nature humaine. Dans ce cadre, les échecs offrent un champ
d'expérimentation idéal. Mais on pourrait faire la même chose avec
la peinture. Et là, en vous référant à Van Gogh, vous ne tirerez
pas de conclusion définitive sur les peintres. Gary Kasparov.
Aux échecs, les retours au sommet sont rares : les dommages psychologiques
consécutifs à une défaite sont trop sévères. Daily Telegraph.
Les échecs c'est le défi de l'alpiniste, toujours plus haut, prêt
à tout pour monter à l'assaut du Roi ennemi. Les échecs, c'est de
la musique en mouvement, un ballet majestueux pour les yeux. C'est
de la poésie composée par les fantômes du passé qui au même titre
que Rimbaud ou Verlaine méritent notre admiration. Les échecs, c'est
de la peinture ou le moindre mouvement modifie le tableau pour en
faire un Picasso ou un Van Gogh. Les échecs, c'est tout et rien,
c'est la vie et la mort. Jjulie33 sur le forum de France-Echecs.
Le temps de noter son nom sur la feuille de partie, j'étais déjà
en zeitnot ! D'un modeste amateur apparié lors de la première ronde
d'un open contre le grand-maître Azmaïparashvili.
Dans le domaine de la peinture, de la gravure et de la sculpture,
dès la première décennie de notre siècle, les artistes abandonnent
la représentation de la partie d'échecs pour se concentrer sur les
pièces, sur les échiquiers et sur toutes les variations auxquelles
les unes et les autres peuvent donner lieu. On passe en quelque
sorte d'un thème social à un thème musical (au sens de la "musica"
médiévale, c'est-à-dire d'une notion qui inclue le rythme, l'harmonie,
la construction et la déconstruction, etc.). Graphiquement et picturalement,
l'échiquier apparaît comme une structure ouverte, dynamique, d'une
richesse infinie, autorisant toutes les combinatoires et débouchant
sur des mouvements et des rythmes de nature exponentielle. Michel
Pastoureau.
Botvinnik disait en comparant les échecs à la musique: " Il existe
une science dont le but est l'étude de l'acoustique et des sons.
Mais il y a aussi un art qui se sert de l'océan des sons : c'est
la musique. De toute évidence, il en est de même pour la pensée.
La logique est l'étude des lois de la réflexion et les échecs reflètent,
en tant qu'art, le côté logique de la réflexion, sous la forme d'images
artistiques... " Extrait de " Fischer - Spassky, Reykjavik 1972
" par Alexander & F. Wyndham (Ed. Solar), p 37.
ALLER PLUS LOIN :
La vie est une partie d’échecs
(le jeu d’échecs en 280 citations du monde entier), par Dany
Sénéchaud
Ed. de la Libre Case, 2002. 17 euros port compris.
Contact par mail ou tél : 05. 49. 86. 71. 04
De nombreux écrivains célèbres et joueurs spirituels, tel Xavier
Tartacover, ont formulé avec des mots ce qui échappe pourtant à
la réalité concrète d’un échiquier de bois. C’est une évidence :
Jamais sport cérébral, où le mutisme est de mise pour valoriser
la réflexion, n’aura autant été sujet à citation ! Ce livre sort
donc de l’oubli une centaine de citations sur le noble jeu par des
écrivains célèbres tels Montaigne, Rousseau, Diderot, Raymond Chandler,
Jean-Paul Sartre, Jean Cocteau, Paul Valéry, Tolstoï, Julien Gracq…
|