| Il est certaines ouvertures que l'on joue rarement.  La faute en incombe soit à une mauvaise réputation, 
              plus ou moins justifiée, soit, tout simplement à des 
              questions de mode.  Souvenez-vous de l'écossaise ! (1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.d4) Avant que les deux K ne la réhabilitent, elle avait presque 
              disparu de la scène échiquéenne. On jugeait 
              3.d4 prématuré, excessif et permettant en tous 
              cas au Noirs d'égaliser sans peine. Et puis voilà! 
              il a suffit que le roi Kaspa l'inscrive à son répertoire 
              et, qui plus est contre Karpov, pour que cette vieille ouverture 
              bien délaissée connaisse un subit regain d'intérêt. Peut-être en sera t-il un jour de même pour la Ponziani 
              ? Après 1.e4 
              e5 2.Cf3 Cc6 3.c3 (coup constitutif du début Ponziani), 
              nous obtenons la position suivante: 
 Il va de soi que cette modeste avancée de pion 
              a pour but principal de préparer la poussée d4, 
              établissant un puissant centre de pions.  En contrepartie, l'apparente perte de temps que constitue 
              ce coup (3.c3) va permettre aux Noirs de mener immédiatement 
              une contre-attaque énergique.  Mais peut-être est-ce précisément 
              là que réside l'intérêt particulier de 
              cette ouverture: 3.c3 est un coup faussement anodin qui incite 
              les Noirs à prendre des risques par une réaction brutale 
              et à s'exposer... Car il est bien évident que le fait de ne pas 
              jouer 3.Fc4 ne peut que pousser les Noirs à investir 
              la case d5. De même, priver le Cavalier-dame de sa 
              case "naturelle" de développement ne peut suggérer 
              aux Noirs l'idée de prendre pour cible immédiate le 
              pion e4. Par conséquent, 3...d5 
              et 3...Cf6 
              seront tout naturellement les réponses noires les plus courantes 
              et les plus prometteuses. N'oublions pas non plus 3...f5, 
              moins hasardeux ici que dans le gambit letton, ainsi que d'autres 
              possibilités plus marginales telles que 3...g6!?, 
              3...Fc5?!, 3...a6, 3...Cge7,... Nous étudierons, au travers de quelques parties, 
              les principales lignes de jeu issues de ces différentes réponses. 
              Nous nous convaincrons ainsi que le début Ponziani est une 
              ouverture riche de possibilités et qui peut, face à 
              une réaction insuffisante, dégénérer 
              rapidement. Témoins, certaines de ces parties, achevées 
              en à peine 10 coups. La plupart proviennent d'un tournoi thématique 
              organisé il y a deux ans par deux clubs nordistes: Saint-André 
              et Neuville en Ferrain, dans le but de promouvoir cette ouverture. 
              Le trait était aux Noirs à partir de la position de 
              base issue de 1.e4 
              e5 2.Cf3 Cc6 3.c3 [C44]. Il y eut 46 participants et, 
              parmi les 138 parties disputées au cours des 6 rondes du 
              tournoi, quelques jolies empoignades. Le rythme semi-rapide (2 fois 
              20 minutes) permettait de jouer le tournoi en l'espace d'une journée 
              mais nuisait forcément à la qualité du jeu. 
              Merci à nos lecteurs d'en tenir compte. Voici donc une petite sélection de ces parties 
              en guise d'étude du début Ponziani, à laquelle 
              j'ai joint quelques autres parties tirées de la pratique 
              des maîtres (Staunton, Tartakover, Harrwitz, Tchigorine pratiquèrent 
              ce début. Et aujourd'hui Miles, Pachman, Ljubojevic). Un dernier mot, avant de commencer notre tour d'horizon 
              du Ponziani: si certains d'entre vous sont particulièrement 
              intéressés par cette ouverture, ils peuvent se procurer 
              la plaquette qui fut imprimée à l'issue du tournoi, 
              regroupant la totalité des parties jouées. (s'adresser 
              à cet effet à M Willy Coppens, 187 rue Lamartine 59200 
              Tourcoing. Envoyez vos coordonnées et 40 F de participation). Mayer - V. DenysThématique Ponziani 1990
  1.e4 
              e5 2.Cf3 Cc6 3.c3 Cf6 4.d4Avec 3...Cf6, la réaction la plus logique, 
              les Noirs contraignent les Blancs à l'offensive. Le timide 
              4.d3 serait, bien sûr, en contradiction avec l'idée 
              introduite par 3.c3.
 4...exd4 
              5.e5Enfonce le clou dans le camp adverse. Après 5.cxd4 
              ou 5.Cxd4, le pion serait pris sans le moindre problème 
              pour les Noirs. Possible aussi est 4...d5, avec la suite 
              5.Fb5 exd4 6.e5 Ce4 7.cxd4 ou Cxd4 etc.
 5...Cd5Préférable semble 5...Ce4, pour 
              ne pas empêcher la poussée d5. Par contre, sur 5...Ch5? 
              6.g4 met fin à la peu fantastique chevauchée!
 6.Fc4L'alternative 6.cxd4 Fb4+ 7.Cbd2 privilégierait 
              l'option du centre fort.
 6...Cb6 
              7.Fb3 dxc3 8.Cxc3 Fb4 9.0-0 d6?Il fallait roquer. Maintenant, les Blancs peuvent développer 
              une vigoureuse attaque.
 
 10.Fg5 
              Ce7 11.Fxf7+ Rxf7 12.Db3+ Fe6 13.Dxb4 h6 14.Tad1!Le développement avant tout! Sans craindre 14...hxg5 
              car 15.Cxg5+ regagne avantageusement la pièce.
 14...d5 
              15.Fh4 Dd7 16.Fxe7 Dxe7 17.Df4+ Re8 18.Cd4 Tf8 19.Dg3 Fg8 20.e6 
              Tf6 21.Tfe1 c5 22.Cdb5 Rd8 23.Cxd5 1-0 |