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Mieux jouer aux échecs
Le gambit du roi (3) le contre-gambit Falkbeer
Par Bernard Guérin

De l'audace, toujours de l'audace!

Ce troisième volet de notre étude consacré au gambit du roi va nous permettre de nous pencher sur une troisième option et non des moindres: la contre-attaque.

Encore une fois: il n'est pas question, ici, d'être exhaustif. Il existe, en effet, des dizaines de variantes et de sous-variantes, ainsi que des centaines de parties de référence qui fourniraient matière à plusieurs gros volumes. Il ne s'agit donc que d'un survol, d'une représentation à l'intention des débutants et non d'une étude fouillée. Le contre-gambit Falkbeer est, sans doute, aussi vieux que le gambit du roi. Bien antérieur en tous cas à Ernst Karl FALKBEER (1819-1885), qui en publia une analyse en 1850 (Cf. la partie du GRECO, un peu loin, datant des années 1620).

Après 1.e4 e5 2.f4, les Noirs contre-attaquent par 2...d5.

Le contre-gambit Falkbeer

Cette réplique constitue, sans doute, la tentative la plus hardie, de la part des Noirs, pour s'emparer de l'initiative ou, tout au moins pour gêner le développement des Blancs.

Dans cette position, les Blancs ont deux réponses possibles: 3.exd5 ou 3.Cf3. (Ici encore, comme après 1.e4 e5 2.f4 Fc5 - voir le second volet sur le gambit du roi - la prise 3.fxe5 perd tout de suite la partie après 3...Dh4+).

Examinons ces suites au travers de quelques exemples tirés de la pratique.

A) 3.exd5

Les Noirs ont maintenant trois possibilités raisonnables: 3...e4! 3...c6 et 3...exf4. Passons rapidement sur 3...exf4, qui n'est qu'une acceptation différée du gambit, retombant, après 4.Cf3, dans la variante Moderne 1.e4 e5 2.f4 exf4 3.Cf3 d5 4.exd5.

- 3...c6, en revanche, qui offre un second pion pour accélérer le développement noir, semble très actif.

Toutefois, la pratique montre que les Blancs s'en tirent plus facilement qu'avec la variante suivante. Le mieux semble être pour eux 4.Cc3 (mais 4.Df3, 4.dxc6 et 4.De2 sont également joués et jouables).

Ensuite, par exemple 4...exf4 5.Cf3 Fd6 6.d4 Ce7 7.dxc6 Cbxc6 8.d5 Cb4 9.Fc4 Ff5 (Hebden - Henley, 1984).

Ou bien: 4...exf4 5.Cf3 Cf6 6.d4 Cxd5 7.Cxd5 Dxd5 8.Fxf4 De4+ 9.De2 Dxe2+ 10.Fxe2 Fe7 11.0-0 Fe6 12.c4 0-0 13.Cg5 et les Blancs semblent mieux (Stoltz - Brinckmann, 1932).

- 3...e4!

Le plus entreprenant. La poussée de ce pion dans le camp des Blancs gêne considérablement leur développement. Aussi n'est-il pas surprenant que ceux-ci veuillent s'en débarrasser sans tarder. Cette variante principale du contre-gambit Falkbeer a valu aux Noirs beaucoup de succès.

Spielmann - Tarrasch [C32]
1923

1.e4 e5 2.f4 d5

"Jusqu'à cette partie, le contre-gambit Falkbeer était considéré comme un début égal où chaque joueur pouvait courir sa chance. Par cette partie, Tarrasch a clairement démontré que les Noirs ont un moyen d'obtenir l'avantage." F. Le Lionnais, "Les prix de beauté aux échecs".

3.exd5 e4 4.d3
Les Blancs "interpellent" donc sans attendre le pion insolent (et dangereux: voir la partie suivante).
On peut jouer aussi, avec des fortunes diverses, 4.Fb5+; 4.c4; 4.d4; 4.Cc3...

Spassky - Tumurbator, Léningrad 1960

4.Cc3 Cf6 5.Fc4 Fc5 6.d4 exd3 7.Dxd3 0-0 8.Cge2 Cg4 9.Df3 Te8 10.h3 Ce3 11.Fxe3 Txe3 12.Df1 Dh4+ 13.Rd2 Te8 14.Rc1 Cd7 15.Rb1 a6 16.a4 b6 17.g3 Dd8 18.Dg2 Fb7 19.Td1 De7 20.Cd4 Fxd4 21.Txd4 Dc5 22.Dd2 Te1+ 23.Ra2 Txa1+ 24.Rxa1 b5 25.Fb3 bxa4 26.Fxa4 Cb6 27.Ce4 Df8 28.Fb3 a5 29.Dc3 a4 30.Fa2 a3 31.b4 Dc8 32.g4 h6 33.Fb3 a2 34.Cc5 Fa6 35.d6 cxd6 36.Txd6 Dc7 37.Tg6 1-0

4...Cf6
Les autres coups: 4...Dxd5 et 4...exd3 sont réputés plus faibles:

4...Dxd5 5.De2 f5 6.Cc3 Fb4 7.Fd2 Fxc3 8.Fxc3 Cf6 9.dxe4 Dxe4 10.Dxe4+ fxe4 11.Fc4±
4...exd3 5.Dxd3 (5.Fxd3 Cf6 6.Cc3 Fe7 7.Cf3 Rf8 8.0-0 Cbd7 9.Fc4 Cb6 10.Fb3± Keres - Lilienthal) 5...Cf6 6.Cc3 Fc5 7.Fd2 0-0 8.0-0-0 Cbd7 9.g3 Cb6 10.Fg2 Fg4 11.Cf3 Cbxd5 12.h3± Stoltz - Marshall, 1933.

5.dxe4 Cxe4 6.Cf3 Fc5 7.De2 Ff5
7...Ff2+?! 8.Rd1 Dxd5+ 9.Cfd2! f5 10.Cc3 Dd4 11.Ccxe4 fxe4 12.c3 De3 13.Cxe4 (ou 13.Dh5+ Rf8 14.Fc4 Dxf4 15.Dd5 Reti - Breyer 1920) 13...Dxe2+ 14.Fxe2 Fb6 15.Cg5+- Maroczy - Burn 1906.

8.g4?
Un coup qui gagne une pièce et, qui jusqu'à cette partie, était jugé gagnant pour les Blancs. Mais Tarrasch sacrifie volontairement le Fou pour une attaque victorieuse sur colonnes ouvertes. Et depuis, la théorie suivant la pratique des maîtres (comme la souligné M. Pavlov), on ne joue plus que 8.Cc3 De7 9.Fe3.

Note du webmaster: Cette recommandation de Bilguer (8.g4?) est complètement réfutée par Tarrasch. C'est à la suite de cette partie que Rudolf Spielmann écrivit son célèbre article intitulé : Le Gambit du Roi sur son lit d'hôpital.

8...0-0! 9.gxf5 Te8 10.Fg2
Si 10.Ce5 Dh4+ etc.

10...Cf2 11.Ce5 Cxh1 12.Fxh1 Cd7 13.Cc3 f6 14.Ce4 fxe5 15.Cxc5 Cxc5 16.fxe5 Dh4+ 17.Rf1 Si 17.Rd1 Dd4+

17...Tf8 18.Rg1 Dd4+ 19.Fe3 Dxe5 20.Te1 Cd7
La Dame blanche maintenant protégée, la Cavalier était prenable.

21.Dc4 Rh8 22.Fe4 Tae8 23.Fd4 Df4 24.Te2 Cf6
Et non 24.Txe4 car 25.Fxg7+, piège classique, gagnant Tour et pion contre Fou.

25.Fxf6 gxf6 26.h3 Tg8+ 0-1
Car si 27.Rh1 Df1+ 28.Rh2 Db1# et si 27.Tg1 Dxe4.

Haut de la page

Guérin - Vergnes [C32]
1987

Qu'on ne voit là, de ma part, nulle forfanterie - d'ailleurs, c'est une défaite!. Il se fait, simplement, que c'est plus facile d'analyser ses propres parties!

1.e4 e5 2.f4 d5 3.exd5 e4 4.d3 Cf6 5.De2 Dxd5 6.Cc3 Fb4 7.Fd2 Fxc3 8.Fxc3 Fg4 9.De3
9.dxe4 Fxe2 10.exd5 Fxf1 11.Rxf1 Cxd5 12.Fxg7 Tg8, la continuation "théorique" me semblait peu attrayante. Je préférais maintenir ma Dame sur la colonne "e", avec les suites h3, g4, Fxf6...

9...Cbd7 10.h3 Ff5 11.g4 0-0! 12.gxf5
Choix difficile! Le sentiment désagréable que les choses basculent et de passer de l'état de chasseur à celui de gibier! Il suffit, pour cela, de peu de choses, parfois: une avancée de pions trop optimiste, une pièce mal placée, un roque prématurée ou trop retardé... grandeur et servitude des échecs! Ici, en l'occurence, 12.Fg2 était sans doute préférable au coup du texte.

12...exd3 13.Df3
13.Cf3 Tfe8 14.Fe5 Cxe5 15.fxe5 dxc2 suivi de Tad8 ou Da5+ puis Cd5 ne me plaisait pas du tout.

13...Tfe8+ 14.Fe5 d2+ 15.Rd1 Ce4 16.c4

Tendant un piège à Dame: 16...Cf2+ Dxf2 Dxh1 18.Fg2 Dh2 19.Cf3 gagne la Dame. Mais l'adversaire n'est pas toujours coopératif! Mieux valait, ici, 16.Fg2 Cxe5 17.fxe5 (Sur 17.Dxe4? Cc4!! est un coup gagnant sublime!) 17...Dxe5 18.c3 (18.Dxe4? Dxb2!) 18...Cxc3+ 19.Dxc3 Dxc3 20.bxc3 Te1+ 21.Rxd2 Txa1

16...Cxe5 17.fxe5 Dxe5 18.Rc2
Si 18.Tb1 Cf2+ 19.Rc2 Tad8 20.Fg2 (20.Dxf2 De4+) 20...d1D+ 21.Txd1 Cxd1 (menaçant 22...Dxb2 mat) 22.Db3 Dxf5+ gagne.

18...Cg3 19.Th2 Cxf1 20.Te2
20.Dxf1 Dxh2 gagne aussi.

20...Ce3+ 21.Rb3 Dd4 0-1
En conclusion, dans le contre-gambit Falkbeer, méfiez-vous du pion roi des Noirs!

Une troisième partie, toujours avec cette variante mais qui donne, cette fois, la victoire aux Blancs (dont la victime n'est autre que le grand Marshall!).

Alapin - Marshall [C32]
1905

1.e4 e5 2.f4 d5 3.exd5 e4 4.d3 Cf6 5.dxe4 Cxe4 6.Cf3 Fc5 7.De2! f5 8.Cc3 Ff2+ 9.Rd1 0-0 10.Fd2 Cxc3+ 11.Fxc3 Dxd5+ 12.Rc1 Td8 13.b4

L'avancée b4 a libéré la case b2 pour le Roi blanc. Maintenant, le Fou f2 est en prise et n'a qu'une issue possible.

13...Fb6 14.De7! 1-0
Il n'est pas possible de parer toutes les menaces. Si 14...Td7 15.De8#, si 14...Tf8 15.Dxg7#, si 14...Dd7 15.Fc4+ Rh8 16.Fxg7#

Znosko - Borovsky [C32]

1.e4 e5 2.f4 d5 3.exd5 e4 4.d3 Cf6 5.Cd2
Un coup dû à Keres. La suite recommandée (in "King Gambit", de Kortchnoi et Zak) est: 5...exd3 6.Fxd3 Cxd5 7.De2+ De7 8.Ce4 Cb4 9.Fb5+ C8c6 10.c3 Ff5! concluant: "Black's position is better."

5...Dxd5?! 6.dxe4 Cxe4 7.Fc4 Dc6?
La Dame est attaquée et les Blancs menacent 8.De2. Que faire? Après 7...Dd4 8.De2 f5 9.Cgf3 et gagne. Les Noirs devaient, selon Znosko - Borovsky, se résigner à perdre un pion en jouant par exemple: 7...Dc5 8.De2 f5.

8.De2 Ff5 9.Fb5 1-0
Et pour les Noirs, brusquement, la vie n'est plus un long fleuve tranquille...

Une petite dernière maintenant et pas toute jeune, dans laquelle les Noirs, au lieu de "contre-gambiter" jusqu'au bout en avançant e4, reprennent de la Dame, ce qui va leur causer beaucoup d'ennuis... Une jolie miniature!

Greco - X [C31]
1620

1.e4 e5 2.f4 d5 3.exd5 Dxd5 4.Cc3 De6 5.Cf3 exf4+ 6.Rf2 Fc5+ 7.d4 Fb6 8.Fb5+ Rf8 Si 8...c6 9.Te1 gagne la Dame noire.

9.Te1 Df5 10.Te8# 1-0

B) 3.Cf3

Une option qui, finalement, est peut-être préférable, pour les Blancs, à 3.exd5?!

Anderssen - Schalloff [C31]
1864

1.e4 e5 2.f4 d5 3.Cf3 dxe4 4.Cxe5 Fd6 5.Fc4 Fxe5 6.fxe5 Dd4 7.De2 Dxe5 8.d4 Dxd4 9.Cc3 Cf6 10.Fe3 Dd8 11.0-0 h6 12.Fc5 Cbd7

13.Dxe4+ 1-0 13...Cxe4 14.Fxf7#

D'autres possibilités pour les Noirs après 1.e4 e5 2.f4 d5 3.Cf3 dxe4 4.Cxe5 sont 4...Cc6 et 4...Cd7.

Après 4...Cc6, la suite peut-être 5.Fb5 Cf6 6.De2 (6.Cxc6 bxc6 7.Fxc6+ Fd7 8.Fxa8? Fg4 gagne la Dame) 6...Fd7 7.Fxc6 bxc6 8.Cc3 Fd6, etc.

Après 4...Cd7, par exemple: 5.d4 (ou 5.Cc3) 5...exd3 e.p. 6.Cxd3 Cgf6 7.Cc3 Fd6, etc.

Dans les deux cas, les jeux semblent plus ou moins égaux.

Nous terminerons là, avec ce troisième volet, l'étude (sommaire malheureusement mais il faudrait des dizaines de pages!) du gambit du Roi.

Je serais heureux, simplement, d'avoir réussi à intéresser certains d'entre vous à cette belle ouverture, fleuron de l'époque romantique des échecs et, qui conserve encore de nos jours, en dépit des méfaits du triste jeu de position, de fervents adeptes.

Ceux et celles qui voudront en savoir plus, appronfondir ce que je n'ai fait qu'ébaucher, se référeront avec profit aux quelques ouvrages spécialisés dans le gambit du Roi.

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Par Bernard Guérin
In Gambisco N° 26, septembre 1992

A noter : Bernard Guérin est l'auteur de six ouvrages dont trois sur le jeu d'échecs : Le gambit Evans dans tous ses états (1994), Le Jeu des Eschets de Greco (1995), Courts métrages sur l'échiquier (1996). Seule la traduction en notation algébrique du livre de Greco reste aujourd'hui disponible (au prix de 70 francs).
Prière de contacter l'auteur :
Bernard Guérin, 2, Place Saint André. 59800 Lille. Tél : 03.20.42.15.97

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