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Mieux jouer aux échecs
Remarques sur "Fundamental chess endings"
de K. Müller et F. Lamprecht, par Alain Villeneuve

Voici donc ce texte annoncé "urbi et orbi". Je crois qu'il "décoiffe" encore davantage que celui sur Dvoretzky. Bien sûr, ceux qui ne possèdent pas le livre en question se sentiront un peu frustrés, mais j'espère qu'il les fera "saliver" et leur donnera le goût d'en savoir plus. Et celui de toujours approfondir, de ne jamais prendre une analyse pour argent comptant.

Toute remarque ou "critique de la critique" sera la bienvenue.

"Tout nouveau, tout beau".
Le principal défaut de l'ouvrage est, à mes yeux, le parti pris systématique de préférer des exemples tirés de la pratique contemporaine à des études de base connues depuis fort longtemps. Entendons-nous bien : le fait qu'une position analysée par Kling et Horwitz au 19e siècle se soit retrouvée dans la partie Hahn-Meier (je donne un exemple imaginaire) jouée le mois dernier en Bundesliga vaut d'être signalé, ne serait-ce que pour prouver son intérêt pratique et donc la nécessité de l'étudier, ou de démontrer la persistance de certaines erreurs tentantes et ainsi la difficulté des finales. Mais il me paraît désastreux de ne donner que la seconde indication, en omettant la première. On prive le lecteur de toute référence historique, lui interdisant de comprendre l'évolution des connaissances, on le prive aussi de tout le travail d'analyse et de pédagogie effectué dans le passé, souvent remarquable malgré l'absence d'ordinateurs.

Cyberlivre sec.
Les auteurs ne semblent pas disposer d'un bagage accumulé depuis des décennies : des finales analysées, présentées à des amis, étudiées par des élèves, puis réanalysées en fonction de leurs remarques. Ils picorent çà et là des extraits de parties tirées des bases de données, de préférence jouées en 1999 ou 1998, parties qu'ils ne connaissaient pas il y a une heure et qu'ils soumettent subitement à une cyberanalyse plus ou moins poussée. Tout cela manque de liant, de "sauce". Les ingrédients ne "mijotent" pas. Et le choix fréquent du "meilleur" coup quantitatif, c'est à dire celui dont la Machine a établi qu'il gagnait plus vite ou qu'il résistait plus longtemps, au détriment du coup le plus naturel ou le plus ingénieux, rend le texte à la fois moins lisible et moins dense.

Dura lex.
Les auteurs cèdent souvent à la tentation de "légiférer". Mais leurs "règles" sont laborieuses ou triviales, de toute façon inutiles. Par exemple p. 27, p. 41, p. 51, p. 93. Un grand nombre d'exemples sont également triviaux, sans doute pour encourager le lecteur, heureux de "déjà" comprendre. Celui-ci ne devra pourtant pas se leurrer : les finales sont passionnantes (oh combien !) mais, à l'image des Echecs eux-mêmes, difficiles. C'est aussi l'opinion du plus célèbre de leurs compatriotes, R. Hübner.

Qualités.
Typographie agréable, diagrammes clairs. Souvent, de très bonnes analyses pas toujours imputables à la Machine. Des informations (p. 400-406) un peu abstraites mais donnant un ordre d'idées instructif sur les résultats donnés par ladite Machine.

Travail intéressant comportant un grand choix de bons exemples. J'ai surtout apprécié les suivants, que je ne connaissais pas :
2.53, 2.54, 2.57, E2.03, 3.25, 3.30, E3.08, 3.42, 3.53, 4.17, E4.01, E4.05, 5.05, 6.27, E6.08, E6.10, E6.26, 6.98, E6.43, E6.44, 6.122, 6.148, 6.158, 7.14, 7.23, E7.01, 7.43, E7.05, 11.04, E12.08, E12.14, E12.24.

Haut de la page
Remarques ponctuelles (nous désignons dans ce qui suit notre propre ouvrage "Les Finales", édition 1998, par LF1 et LF2) :

1ère page de couverture : le terme "encyclopédie" (en un maigre volume ?) me paraît excessif. Et je ne vois pas en quoi le lecteur du "21e siècle" (sans attaches ni racines ?) devrait gommer l'héritage des précédents, ni simplement être en rupture avec lui. Depuis le premier janvier 2001, je n'ai pas noté un progrès sensible en finales de l'ensemble des joueurs d'échecs de la planète. Plutôt le contraire, en raison de l'accélération des cadences de jeu, et d'un rythme de tournois en général plus trépidant. Mais c'est "nouveau" (le mot est lâché). Alors .....

p. 8 : la "règle" de Fine (qualifiée par lui de "fondamentale", ce mot porterait-il malchance ?) est inepte, bien sûr. Mais il est dangereux d'affirmer que "nous savons maintenant" que, par exemple, T+F gagne (sans pions) contre 2C. Tel est le résultat que nous donne notre "ami de silicium", mais nous ne savons pas comment gagner, encore moins comment l'expliquer aux lecteurs.

p. 10 : sans les tablebases et programmes d'analyse, les auteurs n'auraient pas "osé entreprendre ce projet" qui alors eût été démentiel (le qualificatif est de moi). Je tiens cet aveu pour un hommage involontaire à mon propre travail, commencé en 1980. Merci Messieurs !

p. 24-25 : 2.08. Au 3e coup, le Roi blanc, en venant en c2, se met en opposition diagonale (3 Rd2? Rd4!) et défend la "case-clé" d3 (3 Rb2? ou 3 Rd1? Rd3!). Mais l'utilité de défendre la "case-clé b3" ne m'apparaît pas ici.

p. 32 : cette "convention" d'attribuer un "!" si tous les autres coups compromettent le gain (ou la nulle) a cet inconvénient de flatter ainsi des coups triviaux comme 11 Rxg5, 5...h4, 6...h3 etc. Autres gags similaires : 3.12, 4.23, 6.28, 7.27, 10.02B, E6.12, E7.04, E12.14 etc., le "bouquet" étant sans doute les 16e et 17e coups noirs du 8.12 qui se trouvent être ... les seuls coups légaux !

p. 33 : 2.27A. Cet exemple particulièrement instructif aurait mérité un développement approprié. Voir l'exercice 671 de l'édition 1998 de LF1 parue trois ans avant les "fundamental endings".

2.28. Toute la substance de la manoeuvre réside dans les coups 2 et 3, qui ne sont même pas honorés d'un (!) puisqu'on peut les intervertir. Le premier coup, en revanche, en porte un, alors qu'il est évident ! Un bon exemple du carcan que s'infligent les auteurs. Comparer avec LF1, p. 61-62.

p. 35 : les auteurs sont visiblement en désaccord avec ce philosophe qui considérait un livre comme digne d'estime uniquement s'il rendait inutile ... tous les autres livres. Ils n'ont guère envie de traiter, même succinctement, les exceptions à la règle de Bähr, alors, ils ne s'embarrassent pas : ils renvoient le lecteur ... à un autre livre ! Eh bien, faisons de même : voir LF1 p. 60-61 !

p. 38 : 2.36. En 1952, Botvinnik n'avait pas encore eu le temps d'être "trois fois" champion du monde !

p. 43 : 2.43. Véritables auteurs (de l'analyse, sinon de la position) : I. Maizelis et D. Hooper.

p. 44 : 2.45. Exemple vraiment trivial : un débutant gagnerait ! Il est ironique qu'il mette en jeu deux joueurs aussi prestigieux.

p. 62 : 3.10A. N'apporte rien de plus à l'étude 3.05. Aurait pu être un exercice, à la rigueur.

p. 63 : 3.11. Le coup 2...Rf6! est le plus sûr, il mérite un "!" dans le sens général (je l'ai aussi attribué, voir LF2 p. 171). Mais les auteurs ont tressé la corde pour les pendre : avec la convention qu'ils adoptent, le (!) est faux, car 2...Rh6 annule également. Certes nous sommes prévenus (fin de la p. 13) que cette convention vaut surtout pour les "5-pièces" et nous sommes subrepticement passés à 6. Mais c'est, pour le moins, un inconfort de lecture. Ambiguïté aussi dans l'exemple suivant (3.12) : ladite convention est annoncée au 9e coup, quand on "redescend" à 5, alors qu'elle est manifestement adoptée aussi dans la parenthèse qui suit 1 Ce6+ et dans 3...Rg4. Et à l'inverse, il arrive qu'elle soit d'emblée utilisée pour des "6-pièces", comme dans le 4.23. Et elle ne l'est pas toujours pour des "moins de 6-pièces", comme dans le 6.115.

p. 66 : 3.19. La toute dernière ligne est une erreur typographique.

p. 73 : 3.32. Dans la variante (b2), 9...Cf6! est beaucoup plus résistant, menant à une laborieuse finale D+Pg3 contre D. Par suite, 1... Ce6 mérite au moins "?!", sinon le "?" que lui attribue Anand.

p. 77 : 3.35. A la fois plus simple et plus instructif est 8 Cd4! (au lieu de 8 Ce7) Cd6 9 Rc7.

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p. 81 : 3.42. Les auteurs ont rectifié en partie l'analyse du joueur des Blancs, mais en partie seulement : le sacrifice du Cavalier 10 Cf5+ mène à la nulle : 11...Cf8! (ou Cg5!) au lieu de Cc7?, pour venir en h7 et neutraliser les trois pions blancs.

p. 82 : 3.42B. Dans (b), plus simple est 20 Ce2! (au lieu de 20 Rh7) Ce3 (Rxe6 21 Rg7!) 21 Cf4 Cf5+ 22 Rh7 transposant dans l'excellente analyse (a2) avec 7 coups d'avance.

p. 83 : 3.43. Dans (c), variante 9...Rg4, correct est 15 Ce3! au lieu de 15 Rf5? Ce2!. La même double erreur est reproduite dans (c2) : 13 Rf5? Cf3?.

p. 88 : 3.54. D'après Korchnoï lui-même, les Noirs se sauvent par 2...Cf1! 3 f5 Cg3 4 Rd2 c4!.

p. 90 : 3.57. Variante (b) : quel joueur se privera de 10 Rb3! ou de 10 Rd3! pour jouer le "cybercoup" 10 Rc3 ?

p. 98-99 : 4.11 & 4.11A. Il est curieux que les auteurs parlent de 1978 sans mentionner la 5e partie Korchnoï-Karpov (voir LF2 p. 130-132), pour une fois qu'une finale théorique acquiert une notoriété mondiale.

p. 101 : 4.17. Le sauvetage g4-g5 suivi de h5 est interdit tant que le Ph4 est sous l'oeil du Fd8. Très bien, alors jouons 4 Rg2! (au lieu de 4 Rg4?) avec la même "menace" 5 Rh3 et profitons de l'interception 4...Rf6 pour glisser 5 g4! Rg7 6 g5 =. Il s'ensuit que 1...Rd5 mérite un "?" au lieu de "!" : correct par exemple 1...Fe7!.

p. 116 : 4.41. Le joueur des Noirs indiquait déjà cette ressource longtemps (13 ans ?) auparavant (voir l'Informateur 36).

p. 120-121 : 4.48. Deux pions-Fou sont très forts en finale de Fous de couleurs différentes (voir LF2 p. 155). De fait, même si 6 c4+! est plus simple, 6 f4 ne compromet pas le gain. Après 8... Fc2, en activant le Fou et en triangulant, on force les deux figures noires à lâcher prise et l'on évite la transposition dans LF2, ex. 513 : 9 Fe3 Fb1 10 Fd4 Fd3 11 Re6 Fc4+ 12 Re7! Fd3 13 Rd6! (la position-clé) Fc2 14 Re6! Fb3+ 15 Re7 Fc2 (f5 est contrôlée par le Fou noir, mais plus c4) 16 Rf6! (menace f5 suivi de Re6) Rc6 17 c4! + -.

p. 124 : 4.51A. L'idée de rapprocher le pion blanc du RN est bonne, mais elle ne suffit pas à sauver le camp noir : 17 Fc6! (au lieu de 17 Ff3+?) gagne simplement un temps ... et la partie.

p. 135 : 5.06. Il semble que le texte exact de la partie soit différent (voir LF2, ex. 605) : 8 Rf1 Rf6 9 Rg2 Rg5 10 f4+! etc.

p. 138 : 5.12. Je situerais cette partie en 1947 plutôt qu'en 1957.

p. 145 : 5.23A. Il est surprenant qu'aucune variante ne vienne expliciter ladite zone (voir LF2 p.202-3). Le 5.23 est peut-être "intéressant" mais ne s'y rattache pas.

5.24. J'avoue ne pas saisir ce que cette "version" (qui se révèle être une amputation de cinq coups) apporte à l'étude originale d'Horwitz (voir LF2 p. 206).

p. 146 : 5.25. Dans la variante 1...Fa6, le coup 4 Rf6?! est une perte de temps (4...Fg4!). Correct est 4 Rf4!. Les auteurs semblent d'ailleurs le savoir, puisqu'on retrouve exactement la même position dans la variante 10...Fg4+ après (b) 16...Rh6. Et cette fois, ils jouent correctement 17 Rf4!.

p. 148 : 5.30. L'évaluation de la position va encore différer : les Blancs gagnent immédiatement et simplement par 1 Rc6! suivi de Rd7, g4, f5 et e6-e7. La "défense active" 1...Fd2 se heurte à 2 Rd7 Fxf4 3 Cxf7!.

p. 153 : 5.38. Variante 11 Ch5 : plus résistant est tout de même 12...Fe4+ tandis que le gain après 12...Re6 est trivial, au moins au-delà de 15 Rf5.

p. 154 : 5.38A. Variante (b21) : je ne vois pas de plan de gain après 31...bxa4 32 Cxa4 Rb5 33 Cc5 Fg2.

5.40. Il y avait une "bonne raison" pour 11...h5 : s'opposer à f5, g4 suivi de Cf4-e6 (voir LF2, ex.616). Savoir si le remède est pire que le mal est une autre affaire.

p. 156 : 5.41. Les auteurs ne tiennent pas compte de la suggestion de Shirov (ou l'ignorent) 1 Cc5! après quoi les Noirs ne s'en sortent que par miracle (voir l'Informateur 76).

p. 166 : 6.13. Louable (et rare) effort de reconnaissance du passé, mais Kopaiev (1956) développe ces idées plus complètement (voir LF1 p.164-5).

6.13A. Amélioré de même par Salvioli (1887), LF1 ex. 153.

p. 167 : 6.15A. La manoeuvre indiquée sous le diagramme vient de S. Tarrasch (1912 ; voir LF1 p. 162). Quant à la règle de la Tour "aussi loin que possible", elle ne doit certainement pas être "suivie strictement", pas plus que celle de la "Tour derrière le pion passé" (voir à ce propos Youssoupov-Timman p. 226). Toute règle a ses exceptions, aux Echecs peut-être encore davantage. Enfin, que "même un grand-maître ne puisse anticiper l'attaque de la T en g7" à l'issue d'une variante aussi linéaire me paraît une aimable plaisanterie. Ou seront-ce les nouveaux "grands-maîtres" du 21e siècle que laisse imaginer la première page de couverture ?

p. 168 : 6.16. La variante (b) est un classique de H. Keidanski (1915). Voir LF1 p. 163 & 164.

p. 170 : 6.21. Après 3...Rf4 4 Te6 Rf5 plus précis est 5 Td6! (au lieu de 5 Te7).

p. 171 : 6.24. C'est, en moins riche, une étude de N. Kopaiev (voir LF1 p. 158).

p. 179 : la question sur l'origine de la position dite "de Lucena" s'est posée bien avant l'aube du 21e siècle. Voir LF1 p. 182, où d'ailleurs je dois rectifier, "Scipion de Gênes" et Salvio n'ayant pas la même identité. Appeler "position de Salvio" la ci-devant nommée "position de Lucena" ne me gênerait guère. Mais, ayant dit, les auteurs continuent à parler de la "position de Lucena", pour une raison évidente de commodité. Je me garderai de les critiquer là-dessus : acceptons pour une fois, la légende étant "plus belle" que l'histoire, de retenir la légende, comme dans un célèbre film !

p. 180 : 6.38. Variante (c) : le choix de 3 Tb3 (au lieu de 3 Tb1) a pour but de raccourcir un peu la finale "Dame contre Tour" qui s'ensuit après 5...Txa3. Mais ceci souligne la relativité du "dogme" de la p. 167 !

6.40. Une précision importante est 1...Tb8? 2 Td8! (seul coup) pour comprendre l'unicité de 1...Rg6!!. Présentée au 5e coup, elle perd un peu de son impact, 6 Ta7 étant possible, outre 6 Td8. Et la variante critique après 1...Ta7+? 2 Re8! (comme joué dans Aronian-Carlsen 2006) est 2...Rf6 3 e7+ Rg7 4 Te6 ou Td1, montrant la force de la Tour en d6 (voir LF1 p. 189-190).

p. 182 : le rappel que la distance de sécurité est de trois cases (entre le pion attaquant et la Tour défensive) aurait dû se trouver dans les caractères en italiques. Parler du pion "franchissant le milieu de l'échiquier" est imprécis et limitatif, la notion de distance de sécurité s'appliquant aussi horizontalement. Voir LF1 p. 151 & 177-8.

p. 185 : 6.48. Le véritable auteur est N. Grigoriev (1937).

p. 189 : 6.58. Le cas du RBe6 et celui du RBf5 auraient mérité un éclaircissement (voir LF1 p.225).

p. 190 : 6.61. Pourquoi diable avoir amputé de cinq coups cette remarquable étude de Chéron, dont le début est aussi élégant qu'instructif ? Voir LF1 p. 218-219.

p. 192 : 6.63. Le plan de tout miser sur le pion "g", quitte à sacrifier son compère plus faible h3, me paraît aussi efficace (à l'instar du 6.72). Un échantillon : 1 g4! Rh4 2 Te5 Ta3+ 3 Rf4 Ta4+ 4 Rf5 Ta8 5 Te6 Ta5+ 6 Rg6 Tb5 7 Rh6! avec l'idée 8 g5 Txg5 9 Te4+ utilisant humoristiquement le pion moribond. J'avais choisi Zukertort (LF1 p. 237-8) dont le traitement me paraissait intéressant, malgré quelques imprécisions, mais il n'a certainement pas le charme de Mlle Hunt.

p. 194 : 6.71. Il est inutile d'aller en h5 : l'idée de Kling et Horwitz peut se réaliser plus simplement par 9 Tg6! (au lieu de 9 Rg4) ; après 9... Ta5+ 10 Re4 c'est la position au 14e coup.

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p. 195 : 6.73. Variante 4...Rf5 : Après 9 h5? Tg8! suivi de ...Rf6-g5 les Noirs obtiennent la forteresse mentionnée à la page précédente. Correct est 9 g5! mais les auteurs semblent victimes de leur préjugé favorable à la poussée du pion "h" d'abord (ou du charme de la précitée ?).

p. 198 : 6.77. Il semble que la position soit nulle et que même 3 Td7 ne gagne pas : 3... Rg5 4 Rh3 Td4! (au lieu de 4...Td1?) 5 Td8 Rg6 6 Rg2 Td3! empêchant le Roi blanc de réaliser la liaison avec le pion "d", comme étudié dans notre exercice 240 (LF1). Bon est de même 3...Rf5 4 Td8 Rg6 (au lieu de 4...Td2+?) 5 Rh3 Td4! =. La variante (a) est également malencontreuse : 4 Rh3 se heurte de nouveau à 4...Td4! = tandis que sur 4...Td1? les Blancs ne doivent certes pas "revenir" par 5 Rg2? (5...Td3 =) mais bel et bien jouer 5 Td8! Th1+ 6 Rg2 Th7 7 d7! (au lieu de 7 Rf3?) Re6 8 g4! suivi de 9 Rg3.

p. 199 : 6.80A. C'est, en moins détaillé, notre exercice 239, datant de ... 1982 !

p. 200 : 6.80B. Les auteurs sont bien pessimistes. Cette position est gagnante, le pion "b" peut encore ne pas "avancer trop loin" en b7 : 3 Rd5! (au lieu de 3 Rd4!) Td1+ 4 Re5 visant h5. Ou 3...Tb1 4 Tc7! Txb6 5 Tc4! suivi de h4.

6.81. Erreur de retranscription de la partie ou faute de doigt de Bondarevsky ? 1...Rf6? (1...Tc2!) est une faute inexploitée (2 Tf4+! suivi de a4 au lieu de 2 Ta6+?). Plus tard, le coup 4...Th4! est injustement critiqué : la suggestion 4...Td2? est perdante, la Tour n'ayant pas du tout le pion a2 "à l'oeil" : 5 a4 Td4 6 Tg6+ suivi de Tg4.

p. 202 : 6.84. L'idée de préférer 1... Rh7 à 1...Rf7 précisément à cause de 2 Rh4 date aussi de 1982 (le livre de Speelman est de 1993). L'essentiel est que les bonnes idées fassent leur chemin, n'est-il pas vrai ? Voir LF1 p. 263.

p. 203-4 : 6.86. Cette partie est un vrai casse-tête que, personnellement, je n'aurais pas osé présenter. Les Blancs ratent le gain par 4 h4? : correct 4 Rg3! suivi du plan adopté par Timman, à cela près que le couple Tf3+Ph3 est moins vulnérable que Tf4+Ph4. Après 10...Rf6! (possible aussi Rf5!) 11 Ta6+ on peut parfaitement jouer 11...Rf5 à condition, après 12 h5, de faire respirer la Tour au lieu de l'enterrer en h5 : 12...Tb8! 13 Ta7 Rf6 =. Enfin, après 11...Rf7 12 Ta3 Th8+ 13 Rg5 Tg8+ 14 Rf5 les Noirs peuvent exécuter un "roque artificiel" salvateur par 14...Tf8!! (au lieu de 14...Tg2?) 15 Ta7+ Rg8+!. Ou 15 f4 Re7+! (pour harceler le RB sur la colonne "g") 16 Re5 Rf7! 17 Ta7+ Rg6.

p. 206 : 6.89. Variante 3 Txf7 : l'échec perpétuel n'est nullement nécessaire, car même s'il existait une case "i7", 7...Rg6! annulerait, de sorte que ce procédé de défense fonctionne aussi si l'on déplace tout d'une ou de plusieurs colonnes vers la gauche (voir LF1 p. 202 variante C). La même inexactitude est répétée p. 382 (E6.35).

p. 207 : 6.92A. Sur 8...f4 il ne faut pas jouer 9 Tb7+? Rf6! (au lieu de Re6?) 10 Rf8 Tg1 11 Tb5 Txg7 12 Tb6+ Rf5 =. On gagne pourtant par 9 Tb4! f3 10 Tf4! Th3 11 Te4+ Rf6 12 Rf8 Tg3 13 Te3!!.

p. 208 : 6.94. Non, 3 Ta8 (au lieu de 3 Tg3) n'annule pas : 3...Tg2! (zugzwang) 4 Ta7 Tg1+ à présent que la Tour défensive s'est rapprochée (voir LF1 p. 277, variante B). C'est donc 1 Tg8 qui mérite un "?", tandis que 1 Tg4 mérite un "!".

p. 213 : 6.106. Cette partie est une double énigme, tant par le jeu incroyablement faible de celui que certains qualifient de "meilleur joueur de l'histoire" que par la véritable sidération dont sont atteints la plupart des commentateurs, due certainement à sa réputation. En trois coups, les Blancs se retrouvent avec le Roi en g5 et la Tour en septième ! Un écolier qui jouerait ainsi avec les Noirs se ferait exclure du cours ... Un joueur moyen aurait joué 3...Td7! (au lieu de 3...Td3?!) ou au moins 4...Td7! (au lieu de 4...Te3?) suivi de ...Rh6 et aurait attendu les événements. Un champion du monde n'aurait-il pas le droit de jouer "passif", eu égard à son rang ? Pourtant Lasker, Botvinnik, Petrossian, Fischer, Karpov et Kramnik n'hésitaient pas, quand il le fallait, à courber l'échine. Les Blancs ratant 5 Tc7!, une nouvelle chance se produit au coup suivant : 5...Rh6! (au lieu de 5...Rg7?) avec l'idée 6 Tc7 Te2 7 h3 Txe5! (8 fxe5?? g5 mat). Les auteurs ne manifestent un léger froncement de sourcils qu'au 6e coup, essayant (à juste titre) de rapatrier la Tour noire buissonnière ! Mais, après tout, la dernière faute est la seule qui compte ... quoique le dernier mot n'ait peut-être pas encore été dit sur 7...Te4 (au lieu de 7...Te2).

p. 214 : 6.107. Variante 12...Rf6 : les Blancs annulent plus facilement par 13 Tg8! gxf3 14 Tf8+ comme indiqué par Kramnik. Au sujet de la "surprenante ressource" 18 Tg6!! (un simple "!" convient mieux), il faut préciser que la TB peut se poser également en g7 sans dommage (mais en poursuivant par 21 Rg2 au lieu de 21 g5) ou en g5 (mais avec 20 Rg2 au lieu de 20 g4). Mais g8 est la seule case à éviter, quoique la suite donnée en (a) comporte plusieurs erreurs : 20...e3? (Kasparov) ne gagne pas (correct est 20...Rd3+! 21 Rf1 Td1+ 22 Rg2 e3) après 21 Tf1!!, mais en améliorant l'idée d'Illescas par 22 Tf7! (au lieu de 22 Tf8?) avec la non moins "surprenante ressource" 26 Rxe3!! (au lieu de 26 Rg4) perdant la Tour, mais se sauvant avec le pion "g" : encore une histoire de "distance de sécurité" ou "checking distance", mais en quelque sorte inversée !

p. 227 : 6.131. Variante 8...Ta2 (c) : 11 Tc3! semble gagner après 11...Ta2 12 Tc5 Ta3 13 Rc4 Txg3 14 a6 Ta3 15 Rb5 f5 (15...f6 16 Rb6) 16 Tc7+! et la TB s'interposera sur la colonne "a" : 16...Rf6 17 a7 Re5 18 Tc5+ ou 16...Rh6 17 Tc4! g5 18 Ta4. Plus tard, au lieu de 12...Ta4, la meilleure défense 12...Rg6! 13 a6 Ta2 14 Ta8 Rf5 rend le gain particulièrement ardu.

6.132. C'est une passionnante finale, du moins les dix coups ..... précédant le diagramme, car l'extrait qu'en donnent les auteurs est sans intérêt. C'est à propos de cette partie, je crois, que Kramnik écrivait ceci : "la mode est au pragmatisme total, un commentaire soigné de partie exige trop de temps et d'efforts".

p. 230 : 6.136. Variante (a2) : non, les Noirs ne "survivent" pas, aussi bien après 12 Txb7 (dans la suite 10 b7) qu'après 15 Rd2 (au lieu de 15 Rc4 dans la suite 10 Ra3) Tb3 16 b8D Txb8 17 Txb8. Mais il manque p. 169-170, pour la bonne compréhension de la finale T contre Pf+Pg+Ph, l'importante étude de Kopaiev (voir LF1 p. 158), à base de Tg8 et Rf2 (éventuellement Rh2). D'autre part, la date de cette partie qui figure dans un livre en langue allemande est 1984, les auteurs donnent 1979, j'ai moi-même 1972. Il est bien connu que les parties par correspondance durent longtemps !

p. 239 : 6.150. Je ne crois pas que 25... Tc3+ soit la faute décisive. Les Noirs peuvent encore se sauver plus tard : 27...Tc7+! ou 27...Tc5!, au lieu de 27...Rc7 qui aide les Blancs à pousser leur pion "g" grâce à une astuce. Et d'autre part la suite (b) commençant par 29...Te5+! mène aussi à la nulle après 37...Re6 (au lieu de 37...Th1+) 38 Td3 Th1+ 39 Rg8 b4 40 Td4 (40 Tb3 Th4) b3 41 Te4+ Rd7 42 Tb4 Tb1!! 43 Tg4 Th1 =.

p. 246 : 6.162. La réfutation de 1...Rg7? n'est pas concluante ; à (a1) et (a2) s'ajoute (a3) 7...Th5+! (profitant de ce que l'accès en sixième est interdit) 8 Rd4 Rf7 9 Rc4 Re7 10 Rb5 Th1! 11 Ta7+ Rd8 12 Rb6 Tc1 =. Mais plus tôt, 7 Tb6! (au lieu de 7 Ta6?) évite cet inconvénient. La même position se retrouve dans la variante (b2) après 9 c5, et donc là aussi 9...Th5+! est conseillé au lieu de 9...Rf7?. Les auteurs ne semblent pas avoir remarqué ce doublon puisqu'ils poursuivent après 9...Rf7? de façon légèrement différente de leur suite (a1). Par ailleurs, dans la variante (b11), 6 Rxf5 ne mérite pas tant d'opprobre : 6...Tc3 7 Ta7+! suivi de 8 Ta2 gagne malgré la passivité, toute provisoire, de la Tour.

p. 256-257 : sont traités trois cas, le CN en f8, en h8 et en g7. Il manque celui, essentiel, où le CN est en g8. Voir LF2 p. 239-241.

7.01. Une omission de taille : 6...Ce6? 7 Rg6!. Et dans la variante 6...Ch7?, je ne connais pas beaucoup de joueurs qui préféreront 10 Td2 à l'évident 10 Rf7.

7.02. Le propos de Moravec était tout autre, c'était le 7.02A (voir aussi LF1 p. 157). Et je ne puis croire qu'il ait prémédité cet écho artificiel entre les coins h1 & a8. Il n'avait évidemment pas d'ordinateur, et a simplement jugé que le Cavalier ne s'échappait pas après 3 Ta5 (plus naturel que 3 Ta4, et plus long de 2 coups seulement), contraint d'aller en b4 ou de se rapprocher sur la case défavorable g2.

p. 259 : 7.06. Si, les Noirs peuvent "renforcer leur position" : ils gagnent après 4...Re4 (menace ...d2+ suivi de ...Cd5). Correct était 4 Rd1! (au lieu de 4 Tf7?). Cette lutte de la Tour contre Cavalier et deux pions liés est loin d'avoir livré tous ses secrets. Je me suis moi-même trompé (voir LF2 p. 246) en affirmant que 1 Td7 (au lieu de 1 Re1!!) annulait également, mais il y a 1...Rc5! 2 Td8 Cc3+ 3 Re1 Rc4! - +.

p. 263 : 7.12B. Le coup annulant 5...Rg6!! (au lieu de 5...Cg6?), non mentionné ici, figure déjà dans la première édition de LF2 (exercice 656) datant de 1984. On le trouve aussi dans une analyse de Kasparov parue deux ans plus tard dans l'Encyclopédie (une vraie, celle-ci) yougoslave des Finales, tome 3.

p .265 : 7.18. Variante 10 Cf4 : la "démonstration d'Averbach" comporte deux failles : dans la parenthèse 19 Ch3, les Noirs gagnent immédiatement par 19...Tg6+! (au lieu de 19...Ta2?) puis les Blancs se sauvent par 22 Cd3! (au lieu de 22 Ce6?). Et sur 19 h5, plus convaincant me paraît 22...Tb4 (au lieu de 22...Re3) Un peu plus tard, dans la suite principale, 12 Cg6+! (au lieu de 12 Ch3?) Rd4 13 Ch4 semble aussi sauver les Blancs (voir LF2 p. 249). Enfin, le commentaire du 17e coup est erroné, la position après 21...Txh5 étant nulle.

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p. 270 : 7.27. Faute pédagogique : ce n'est pas le "mauvais coin" qui est fatal aux Noirs mais le vis-à-vis des Rois. Supposons en effet cette position décalée de deux colonnes vers la gauche (Re6, Td7 etc.) : les Blancs gagnent au trait, tandis que les Noirs au trait se sauvent par 1...Rf8! filant sans vergogne vers le "mauvais coin", mais se soustrayant à ce déplaisant vis-à-vis. Voir LF2 p.222.

p. 271 : 7.29. Les auteurs récidivent : le sauvetage noir ne provient pas de la proximité du "bon coin", mais d'un surcroît d'espace illustré par la variante 5 Td7 Fg3 6 c8D+ Rxc8 7 Rc6 Rb8! qui explique pourquoi la nulle d'Ercole del Rio ne fonctionne pas avec un pion-Cavalier (voir LF2 p. 226). D'ailleurs, la tentative symétrique de pousser c6-c7 avec la T en a7 provoque 1...Rd7! 2 Rb6 Fg3! (Fd4+? 3 Rb7) 3 Tb7 Ff4 4 c8D+ Rxc8 5 Rc6 Rd8! 6 Td7+ Re8! = fuyant là encore le "bon coin" comme la peste ! Ainsi se termina la partie Szabo-Botvinnik 1952.

p. 272 : 7.31. Un détail essentiel après 1 h5? est 3 Tg7+ Rf8!!. Et, dans la suite principale, après 2...Rh8, on peut alléger la variante (a) par 4 h5 (au lieu de 4 Rg6) Fa2 5 Te8+ Fg8 6 Rg5 et la variante (b) par 5 Tb7 (au lieu de 5 Tc7) Fc4 6 Tb8+ Fg8 7 Rg5 de façon plus méthodique (et nettement plus mémorisable). Voir LF2 p. 227-8.

p. 273 : 7.33. Une précision utile est 3...Tc5 4 Ff2!! =.

p. 278 : 7.44. Plus "impressionnant" est 6 Rf4! (au lieu de 6 Th8?) s'opposant à la création d'une forteresse noire avec le RN en d6. Le gain (laborieux) s'obtient en plaçant la Tour en 7e et en faisant passer le Roi par c5, tout en restant vigilant sur la poussée libératrice ...e6-e5. Et ainsi 1 Tb2 ne compromet pas le gain, mais seulement le retarde.

p. 279 : 7.45. Cette finale est beaucoup plus complexe que le commentaire ne le laisse supposer. Le "premier pas" est un pas de clerc et le "long voyage" est probablement au bout de la nuit ! La visite du Roi blanc vers les hauteurs de l'échiquier est un mauvais plan, qui permet le contre-jeu du Roi noir sur le pion f2 livré à son triste sort. Par exemple 26...Rf4! (au lieu de 26...Fe2?) 27 Tb4+ Rf3 28 Tb3 Rxf2 = ou 27 Tf6+ Rg4 28 Rh6 Fe4 29 Tb6 (quoi d'autre ?) Rf3 30 Tb2 g4 =.

p. 283 : 7.53. Ayant suivi le conseil des auteurs et donc acquis une certaine "connaissance de l'exemple 7.40", je joue, dans la suite (a) du 4e coup noir, tout simplement 14 c5! (au lieu de 14 Th8).

p. 284 : 7.55A. Le coup 9...Tf4+ figure déjà dans l'édition 1984 de LF2 (ex. 642). Après 10 Rg1, les auteurs se compliquent la tâche, alors que 10...Te4! (au lieu de 10...Tc4) 11 Rf1 Te7! 12 Ff5 Rxh4 13 Rg2 Rg5 14 Fd3 Td7 transpose immédiatement dans leur variante 16 Rg2. Et (après 10...Te4!) 11 Fa6 Rxh4 12 Rf2 Tg4 13 Fd3 Rg5 14 Fe2 Tf4+ 15 Re3 Tf8 16 Fd3 h4 est également clair.

p. 296 : 8.02. Cet exemple de Centurini est quelque peu émasculé : son principal intérêt réside dans le fait qu'après 2...Tg2, autrement dit en posant, à partir du diagramme, le RB en f6 et le C en e6, si l'on donne le trait aux Noirs, 1...Tg3! est le seul coup (voir LF2 p. 260).

8.03. L'"idée gagnante" de placer la TN en 6e (voir LF2, exercice 662), dont on ne saura jamais si Kasparov, qui l'ignorait visiblement, l'eût trouvée devant l'échiquier, pouvait être mise en oeuvre avant le 18e coup. A vrai dire, elle pouvait l'être à chaque coup (!) depuis le 13e. De 13...Td6! (au lieu de 13...Td7) jusqu'à 17...Tb6! (au lieu de 17...Tb7) et comme indiqué par 18...Tb6 de nouveau. Soit six (!) occasions ratées. Dommage que Judith, en jouant malencontreusement 20 Tg1?!, ait manqué l'occasion de tester celui qui avait un jour déclaré (je cite de mémoire) que l'étude des finales théoriques est inutile.

p. 299 : la "défense de seconde rangée", qualifiée de "relativement inconnue", est connue depuis longtemps. On la trouve notamment dans LF2 bien sûr (p. 254) mais déjà, bien avant les "databases", dans la première édition des "Finales", datant de 1984 (p. 291). Il faut pourtant sans cesse rappeler qu'elle ne suffit pas, et qu'elle n'est nullement "la principale défense avec Cochrane" comme l'affirment les auteurs. Voir par exemple Carlsen-Van Wely 2007, où la défense, un peu trop monolithique, a connu des sueurs froides. Lire également ce qui suit (critique de la p. 301).

p. 300 : 8.10. Ce classique de Philidor fut publié à l'âge de 23 ans, soit en 1749. Une erreur de ... 43 ans ! Est-ce le refus, inconscient bien sûr, d'admettre que la précocité n'est pas une caractéristique du "21e siècle" dont cet ouvrage veut être le parangon ? Ou la volonté (tout aussi inconsciente !) de raffermir l'héritage contesté de la "révolution française", ce qui cadrerait avec la mentalité "table rase" à laquelle il est fait allusion au début de ce texte ?

p. 301 : 8.13. Les auteurs font bien de donner la position de Szen, ils feraient encore mieux d'y adjoindre le moyen mnémotechnique des "quatre colonnes contiguës". Y ajouter Lolli (8.12) est également bien ; mais Centurini (avec Rc6/Rd8) serait utile aussi, ainsi que Kling et Kuiper. Puisque de leur propre aveu (p .295), il est "extrêmement difficile de se défendre sans connaître les techniques défensives", le mieux serait peut-être de les donner toutes ! Voir LF2 p. 256-258. A noter que la nulle de Centurini apparaît tout de même sans être explicitée, donc à l'insu des auteurs, dans la 1ère parenthèse de la variante (c2) du 8.11 !

p. 302 : 8.15. Capablanca avait les Blancs (Tarrasch les Noirs) : il s'est, dit-on, endormi (au sens propre), disons plutôt assoupi, en pleine partie !

8.16. Non, la colonne "a" n'est pas d'"importance cruciale". Je vois bien l'intention de conserver la menace Ta8+ quand le RB parvient en b7, mais on peut jouer plus simplement 8 Rg6! (au lieu de 8 Re7 laissant respirer la Tour noire) Te8 9 Rf7Tb8 10 Ta4 Tb7+ 11 Rf6 envisageant à la fois Ta8+ et Tg4-g8+ (faire attention seulement sur Tg4 à la défense ...Tg7!) . En conséquence, l'excellente idée 6 Fe6! peut être appliquée dès le premier coup !

p. 306 : 8.19. Variante 16 f4 : après 23 Rd2, le signe "=" est inapproprié. Les Noirs gagnent par 23...Te2+ 34 Rd1 Re3 35 a5 (sinon ...Rf2-g2) Td2+ 36 Rc1 Tg2.

p. 315-316 : particulièrement squelettique est cet embryon d'exposé sur D contre D sans pions. Il manque notamment le cas essentiel où le RB est en d2 (au lieu de d3 dans 9.08) contre une DNa1, obligeant la DB à travailler sur diagonales plutôt que sur rangées et colonnes (voir LF2 p. 39). Et Anand sera certainement heureux de savoir que son stratagème (voir LF2, exercice 370) date du 18e siècle, et peut-être même du 16e !

p. 316-317 : 9.11. Les "raisons tactiques spécifiques" qui permettent le miracle du RNh8 se trouvent en effet dans la variante (b) du 9.12 (voir LF2 p. 63-64). Mais quelques éclaircissements concernant d'autres cases auraient été les bienvenus. Sans quoi cette "zone" et celle du 9.10 sont d'une parfaite inutilité. Et le "traitement" risque d'achever le patient.

p. 321-322 : 9.24. D'accord pour le point d'exclamation à 1...Dd2+ dans le sens général, mais pas selon leur fameuse "notation" dans laquelle les auteurs persistent à s'empêtrer, puisque d'autres moyens d'annuler, certes plus inconfortables, existent. Curieusement, dans l'exemple précédent (9.23), le coup 2 g8T!! n'est pas même gratifié d'un (!), alors qu'il est à la fois spectaculaire et le meilleur coup (voir LF2 p. 53).

p. 326 : 9.35. Variante 21 Da1 : critique est 29 Db5+ (au lieu de 29 Da6+) avec la différence que sur un ...Rf2, un échec en b6 est possible (suivi de Dxg6), après quoi le gain reste à démontrer.

p. 334 : 10.08. Les auteurs manquent l'occasion d'instruire le lecteur sur certains dangers : sur 5...Dd4 nécessaire est 6 Th3!, et non 6 Rh2? h3! (voir LF2 p.106 ainsi que Radjabov-Karjakin 2007).

p. 335 : 10.10A. La suite "tablebasée" est donnée sans la moindre tentative d'expliquer, ou du moins d'en atténuer la sécheresse (comparer avec LF2 p. 97-99). Et ce n'est pas la seule fois où les auteurs se déchargent de leur mission sur l'"esclave de silicium". Pas d'accord : la tablebase, oui, la table rase, non !

p. 336 : 10.13. Variante 2 Dd5+? : sur 5...Rc7 (au lieu de 5...Te8) 6 Da5+, il pouvait être intéressant de mentionner le "zugzwang réciproque" 6...Rc6? (correct 6...Rd7!) 7 Dd8! (voir LF2, exercice 442).

p. 337 : 10.14. Le coup 9...Dh4+ ne force rien du tout : après 10 Rg2! Dg4+ 11 Rh2!, le processus de gain est d'une extrême complexité, comme c'est souvent le cas avec le pion-Fou sur sa 5e (voir LF2, exercice 443). Le commentaire donne l'illusion de la facilité. Et il n'y a aucune commune mesure entre le "?!" (mérité) à 2...Dd3+ qui "retarde" l'issue de "32 coups" et le même signe à 1...De4+ qui la retarde ... de deux !

p. 348 : 10.33. Variante 3 Cc5+ : le coup 4 Dh2+! est, parmi tous ceux du livre, l'un des mieux placés pour mériter un "!", voire deux, étant à la fois unique (4 Ca6+ ne fait que répéter) et élégant. Ainsi d'ailleurs que 5 Cd7+!. Les auteurs ne s'avisent pas qu'ils répètent exactement, à la 2e colonne de la même page, la même variante après 6 Df7+ (avec la Dame en g3 au lieu de h2), mais cette fois en distribuant les gratifications nécessaires ! Et ce n'est pas le seul doublon : voir p. 83 (3.43c), p.146, p. 246-7, p. 295 (8.01), p. 382 (E6.33), p. 383 (E6.40b) etc. Au lycée, leur copie écoperait d'un rageur "relisez-vous" !

10.34. Variante 1...Da8 : si le "!" donné à 3 Cf6+ signifie "seul coup gagnant", c'est une erreur, car un gain plus laborieux existe après 3 Dc4+.

p. 367 : E2.08. D'accord avec cette profession de foi esthétique, mais j'aurais choisi une meilleure illustration !

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p. 370 : E3.16. La variante 1 Rc8! est entièrement incluse dans une étude de D. Hooper (1975). Comme je suppose qu'elle ne figurait pas dans le bulletin du tournoi, nous sommes en présence d'une nouvelle "affaire Lucena-Salvio" !

p. 372 : E4.03. Sur 4...Rd6 la manoeuvre caractéristique Fb6-a7! n'est pas nécessaire (5 Rb5 Rd7 6 Fe3 suivi de Ff4 suffit). Correct est 4...Rd7 5 Rc5 Rc8 6 Fa7! (voir LF2 p. 126-127).

E4.07. L'étude perd son charme car les Blancs ne sont pas obligés de revenir à la position de départ après changement de trait, ils peuvent jouer 5 b5+ Rb6 6 Rb4 a3 7 Fg1+.

p. 377 : E6.07. Une "grande impression" sur moi également !

p. 378 : E6.10. La position après 5 b5 demeure très complexe (et l'abandon évidemment prématuré). Après le coup proposé 5...Rc7? les Blancs se sauvent par 6 Rd3!! regagnant la zone tranquille (b2-c2) en évitant le méchant piège 6 Rc3? Tc1+!. Ce que les Noirs peuvent (et doivent) précisément empêcher par 5...Ta3! 6 c5+ Rd7!! paralysant les pions "a" et "b" et envisageant .....Rc8-b8-a7 et ...Tb3 à la Kopaiev. Si les Blancs s'y opposent par 7 Rd5, alors 7...Ta4 8 c6+ Rc7 9 Rc5 Ta5.

E6.13. "Computermania". Certes, 1...Rd8 ne perd pas ici, mais c'est vraiment le genre de coup à déconseiller formellement !

p. 379 : E6.16A. Dommage que les auteurs n'aient pas étudié le cas où le RB est en d7, avec un superbe double "zugzwang réciproque". On peut l'obtenir par 1...Th1 2 Re7 Re5 3 Rd7 Th6?! (plus simple Td1+) 4 Te7 Rd5!! 5 Te8 Re5!! (voir LF1 p. 202-3).

p. 381 : E6.31. Variante 1 Th3, (a) : 2...Tc6 est correct mais le plan de cacher le RN en h7 est prématuré : il doit être exécuté avec le RBc2 et le PNc3. Par exemple 6...Rf3 (au lieu de Rf5) 7 Th1 Rg3! (zugzwang) 8 Rd2 (8 Th5 Rg4 suivi de ...h5) c3+ 9 Rc2 Rg4 10 Tg1+ Rf5 etc.

p. 384 : E6.45. Correct après 1...Rg2! 2 Rd3 est 2...Th4! immédiatement (et non 2...Rh2? 3 Rd4 =).

p. 387 : E7.05. Variante 2 Fc7 : la suite donnée gagne seulement parce que le Foi est en c7. S'il était en d8, il faudrait alors jouer 2...Rc3! (au lieu de 2...b5) 3 Ra2 Tf3! 4 Fc7 (4 Fxb6 Rb4 ou 4 Fe7 Tf4 menace ...Tb4) Td3!. Tel quel, avec le F en c7, on peut jouer de même 2...Rc3 3 Ra2 Tf3 (ce n'est pas le seul coup) 4 Fd8 (4 Fd6 Te3 5 Ff8 Te4) Tg3! 5 Fe7 (5 Fc7 Td3! ou 5 Ff6+ Rc2) Tg4. La suite de la partie transpose dans une difficile étude de J. Vancura (1924) auquel Chéron consacre quatre pages d'analyse (Lehr..., tome 1, p. 43-47). Dans la variante 13 Ff4, le point d'exclamation dont les auteurs gratifient 21...Ta7 est étrange, puisqu'ils répètent les coups au lieu de 21...Rc5! 22 Fe1 Tf7!.

p. 393 : E12.07. Variante 9 Tf8 : après le 15e coup blanc, nous sommes dans une analyse connue depuis ... près d'un siècle et demi avant les "tablebases" ! Comment peut-on d'ailleurs traiter Tour et Fou contre Tour sans au moins mentionner Crosskill et Zytogorski ?

p. 394 : E12.11. C'est mon exercice 584 (LF2). Hélas ! pour les auteurs comme pour moi-même, ce classique est démoli. Le verrouillage de la case g5 ne peut être maintenu et les Noirs gagnent même après 1 Ch7 par 1...Fc8 (au lieu de 1...h3?) 2 Cf6+ (2 Cg5 h3!) Rh6 3 Ce4 Fe6 4 Cg5 Fd5! 5 Rg4 h3!! ou 5 Ch3 Fg2 6 Cf2 Rh5!.

E12.15. Variante 1...Rxf4? : au moins après le 4e coup blanc, le véritable auteur de cette analyse est L. Kubbel (1914), voir LF2 ex. 550.

p. 395 : E12.17. Au lieu de proposer une amputation d'au moins 100 points "elo" du classement de ce fort grand-maître ... qui ne sait pas gagner une finale élémentaire, les auteurs semblent se réjouir que la journée, en somme, n'ait pas été mauvaise pour lui !

p. 397 : E12.25. Les auteurs ne connaissent pas (et leur ordi non plus) la trouvaille d'Igor Zaitsev : 3 Rh6! g5 4 Ta3!! que l'on peut aussi jouer sous la forme 1 Rh6 g5 2 Ta4+ Rd5 3 Ta5+ Rc6 4 Ta3!! (c'est mon exercice 686 dans LF1).

E12.29. Il semble que les Noirs puissent encore résister après 2...Rd7 3 Ta7+ Rc8 4 Th7 Tc2+ 5 Rd6 Tc4! (au lieu de 5...Tb2). J'avoue avoir, moi aussi, oublié dans LF1 (p. 301) cette ultime finesse.

p. 398 : E12.36. Il ne s'agit pas de Judith mais de sa soeur Zsuzsa, ultérieurement devenue "Susan".

p. 399 : E12.39. Il ne s'agit pas du Cubain S. Garcia mais du Colombien Gi. Garcia.

4e page de couverture : plus précoce que Philidor ? Frank Lamprecht est très sympathique mais était-il vraiment entraîneur d'échecs en 1983, soit à l'âge de ... 15 ans ?

Alain Villeneuve, le 6 février 2007.

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